Autour du Feu

Je m'étirai avant de tendre les jambes vers le feu pour profiter de sa chaleur. Cela me rappelait encore une fois à quel point les nuits bretonnes pouvaient être fraiches, et nombreux étaient ceux qui grelotaient autour de moi, surpris par la chape de fraicheur qui était tombée alors qu'il avait fait si chaud la journée. J'avais heureusement prévue un sweat, mais même ainsi, le feu n'était pas de trop. Je jouais avec un tison depuis quelques minutes quand quelqu'un s'assit près de moi.
Je me tournai vers lui, me demandant qui c'était - peut-être quelqu'un de ma connaissance, et tombai sur un garçon de mon âge, que je ne connaissais pas... sauf peut-être de vue. Je me rappelai l'avoir croisé le soir du bal, et sourit. Si ma mémoire ne me trompait pas, c'était un Gryffondor. Des étincelles s'échappaient du feu et voletaient autour de nous. Quelques rares autres personnes étaient assises, comme nous, sur les rondins qui servaient de banc, les autres étant debout plus loin mais restant quand même dans le cercle de lumière et de chaleur autour du foyer.
La dernière partie des élèves avait du se réfugier dans les tentes, mais de toute façon nous étions le premier soir, et tous n'étaient pas arrivés. Je jetai un coup d'oeil à mon voisin, à qui je n'avais pas adressé la parole depuis qu'il s'était assis. Pas très sympa de ma part.

"Erf... Salut."

Je me baladai autour du camp, les mains dans les poches, jouant avec les cailloux  comme un gamin de 5 ans. J'étais arrivé assez tard a la colonie, en raison d'un dysfonctionnement du portoloin qui m'avait emmené sur une plage de nudistes en Normandie. Bref. J'avais fini par retrouver le camp dans la soirée, soulagé après les nombreuses heures de marche et de route. Après avoir vidé ma valise sur un des lit d'une tente mise à disposition, je parti me promener, profiter de l'air frais de la Bretagne. C'était ma première colo, et je ne connaissais vraiment pas grand monde. J'apercu au loin un feu, autour duquel quelques élèves se rechauffaient, attirés par la chaleur des braises qui rougeoyaient sous l'effet du vent. Je me dirigeai vers le cercle qui s'était formé autour du feu et m'arrêtai. Aucun visage familier en vue. Je choisi alors de m'assoir à côté d'une inconnue que j'avais sûrement déjà vu quelque part, car son visage me disait quelque chose. Je me mis à fixer le feu, insensible à la chaleur extrême qui rougissait déjà mes jambes et mes joues, et regardait les flammes danser doucement devant nous. Un silence s'installa, seulement rompu par le crépitement du feu. Ma voisine tourna alors la tête vers moi et pris la parole: 

- Erf... Salut.


Elle était plutôt jolie d'ailleurs, avec ses cheveux blonds et ses très beaux yeux gris, desquels j'avais le plus grand mal à me détacher. J'eu encore cette impression de déjà vu que je ne pouvais pas expliquer. J'étais sur de l'avoir vu en dehors de Poudlard.. Je me repris et répondis avec un grand sourire :

- Hey! Je t'ai pas déjà vu quelque part ? Je suis Jason. Jason Leifsson. 

Je me tournai vers lui et nos regards s'accrochèrent. Peut-être un peu trop longtemps. Il avait des yeux d'un bleu incroyable. J'expirai et me concentrai sur ses paroles, puis répondit, un peu surprise (j'étais certaine de ne jamais l'avoir vu, je m'en serais souvenu) :

"Nan, il me semble pas. Enchantée Jason. Je lui rendis son sourire - qui tait extrêmement communicatif, avant de reprendre : Moi, c'est Marlène Lenoir."

Je ramenai les jambes contre moi. Elles étaient réchauffées, et même d'avantage, et je n'avais aucune envie de cramer mes All Stars. J'entourai mes genoux de mes bras et tournai à nouveau la tête v ers le garçon. Des cheveux châtains clairs, l'air incoiffable. Carré d'épaules, il était bien plus grand que moi, même assis. En le voyant sourire, je n'avais eu qu'une envie, sourire aussi, et surtout le faire recommencer. Je m'effarais moi-même de penser ça, d'ailleurs, mais c'était comme ça. Je ne savais pourquoi et me fichais de le savoir, d'ailleurs. Je repris :

"T'"es à Gryffondor, nan ? Tu rentre en quelle année ?"

Elle me rendit mon sourire. Et quel sourire ! Voir ces yeux gris d'illuminer et briller à  la lueur du feu  était quelque chose de magique, et je m'y attardai peut-être un peu trop.  Ainsi, je  ne me rendis pas compte qu'elle m'avait posé une question. Au prix d'un effort considérable, Je sorti enfin de mon émerveillement et réfléchis. Lenoir, Lenoir. 'ça me dit un truc ça.. Puis j' eu une illumination. Un souvenir d'il y a quelques années refis surface. C'était à Ste Mangouste, mon frère y avait été interné à cause d'un sort qui avait mal tourné.. Et je crois que son voisin avait pour nom de famille Lenoir. Peut importe. Je tentais de recoiffer les quelque mèches qui se dressaient à l'arrière de mon crâne et lui répondit:


-Lenoir.. Ça vient pas d'Angleterre non ? Et oui je suis à Gryffondor, la meilleure maison de toutes haha! Et je rentre en 6eme année. Je lui lançais un clin d'œil et poursuivait. Je suis le gardien de l'équipe de Quiditch. Et toi t'es à Serdaigle non ? Chez les intellos et tout.. 

Comme le courant passait assez bien, je m'assis plus confortablement, m'adossant contre une bûche. Je pris une brindille et la lançai paresseusement dans le feu. 

-Tu connais beaucoup de gens ici? Moi c'est ma première colo alors..

Il me regarda un peu étrangement, les yeux dans le vague, puis une idée parut lui traverser l'esprit. Il passa la main dans ses cheveux, avant de répondre :

"Lenoir... Ça vient pas d'Angleterre, non ? Et oui je suis à Gryffondor, la meilleure maison de toutes haha! Et je rentre en 6eme année."


Il me lança un clin d'oeil et je souris. Jason... Décidément, j'avais vraiment envie de devenir son amie. Il poursuivit sur le quidditch, et aussitôt, une petite étincelle s'alluma dans mes yeux. Il avait prononcé le mot magique.

"Ca vient d'ici, en fait. De France. J'suis en sixième année aussi, et l'année prochaine, je postule pour le poste de poursuiveuse. Je joue depuis pas mal de temps, mais jamais j'ai été dans l'équipe."

Je souris. On avait le même âge, et, si je supposais bien, la même passion. J'appuyai ma tempe sur mes genoux, visage tourné vers Jason, qui jetait un bout de bois dans le feu.

"Ouais, chuis à Serdaigle. Mais crois moi, y'a pas que des intellos là-bas."

Je souris. Je me fichai des clivages inter-maisons comme de mon premier hibou. Je n'avais aucun préjugé, d'ailleurs. Mon nouveau pote -du moins je l'espérais- me questionna à nouveau.

"Ouais, moi aussi, je viens pour la première fois, mais j'ai des connaissances ici. Et quelques bons amis. Mais c'est aussi l'occasion de s'en faire des nouveaux, non ?"

"Ca vient d'ici, en fait. De France. J'suis en sixième année aussi, et l'année prochaine, je postule pour le poste de poursuiveuse. Je joue depuis pas mal de temps, mais jamais j'ai été dans l'équipe."


Je m'en doutais. Elle étais dans la même année que moi, même si je ne l'avais jamais vu. Il faut dire que je ne m'intéressais pas plus que ça aux élèves des autres maison, car je ne les voyais pas souvent. En parlant du quidditch, je sus que j'avais touché un point sensible. Le quidditch prenait une place très importante dans ma vie, à un tel point que je m'exercais chaque matin, pendant une heure sans m'arrêter. Je me réjouis intérieurement de cette passion commune pendant qu'elle poursuivait: 

"Ouais, moi aussi, je viens pour la première fois, mais j'ai des connaissances ici. Et quelques bons amis. Mais c'est aussi l'occasion de s'en faire des nouveaux, non ?"

Même si c'était ça première colo, comme moi, elle avait l'air de connaître du monde. Ça ne m'etonna pas beaucoup. Elle avait l'air ouverte aux autres, sympathique et -le plus important- elle était très jolie. Je chassai cette pensée de ma tête, troublé et me tournait vers elle pour lui répondre. 



-Effectivement ! Et ça m'a l'air assez bien parti. Tu veux pas bouger un peu la ? J'etirai mes jambes devant moi en grimaçant. Je commence à avoir des crampes. Si on continue on va devoir m'amputer !

Je ris. Au moins, il avait le sens de l'exagération... J'eus un bref rire, avant qu'une idée tordue ne me traverse. lui offrant un charmant sourire (de psycopathe), je lâchai, en sortant ma baguette :


"Si tu veux j'peux le faire. Un p'tit diffindo, et hop..."


Je me redressai en riant, et lui tendis la main en souriant.

"Tu viens ? En vrai, j'ampute pas les gens. Enfin pas souvent, quoi."


Je me penchai sur le feu et y enflammai un bâton, trouvant cela plus amusant qu'un banal lumos. Puis je me tournai vers Jason, ma "torche" à la main.

"Donc, on va où ?"


Je le regardai, songeuse. C'était curieux qu'il ne connaisse personne ici, mais peut-être ses amis ne fréquentaient-ils pas la colonie. Une fois debout, il paraissait encore plus grand que moi. J'étais obligée de lever les yeux pour lui parler, ce qui me faisait un peu bizarre. Je détaillai son visage, comme je ne pouvais m'empêcher de le faire quand je le regardais. Nos se croisèrent, et je rosis. Il était vraiment beau... En cet instant, je haïsais vraiment mon teint pâle qui trahissait toutes mes pensées.

"Alors ?" fis-je, espérant ne pas être ridicule.

Elle me proposa, avec une extrême gentillesse, de m'amputer, ce qui me fis lâcher un petit rire. Décidément, en plus de ses nombreuses autres qualité, elle était drôle. Elle se leva et m'invita à faire de même en me tendant la main, que je pris sans me faire prier. Le premier contact avec cette nouvelle amie fut bref mais me marqua d'une façon que je ne pouvais pas expliquer. Sa peau était agréablement douce et chaude, et je la lâchait avec regret. Elle prit un bâton dans le feu en guise de torche, s'approcha de moi et me dis: 

Donc, on va où ?"



pJe ne fis pas attention à sa question. La torche mettait en valeur son teint pâle, qui trahissait ses expressions de façon évidente. Elle avait l'air aussi troublée que moi. Je n'en tenu pas compte, encore hypnotisé par ses yeux magiques qui souriait constamment. J'avais envie de les regarder pendant des heures, de.. Je me sentais très attiré par cette fille, mais cela me faisait peur. Je n'avais pas beaucoup d'expérience avec les filles, et celle-ci devait sûrement déjà être prise. Je chassais toutes ces pensées de ma tête et lui répondai:



-Ou tu veux ! On n'a qu'à juste aller marcher autour du camp, se balader dans la forêt. 

Je lui pris la torche et l'entrainait dans le bois qui avait jadis abrité Merlin l'Enchanteur. Je sentais le froid revenir brutalement, et je vis Marlene frissonner. J'enlevais alors prestement mon pull et lui tendais:


-Faudrait pas que tu attrape froid ! Ce serait pas très malin le premier soir de la colo haha. 

"Ou...ouais, ça marche !"


Il passa devant avec la torche et j'expirai, soulagée. Je ne contrôlais pas du tout ce qui se passait quand nos yeux se croisaient, et ça m'effrayait. nous nous enfonçâmes dans les bois et je frissonai. Sous le couvert des armes, lin du feu, mon sweat ne me paraissait plus superflus et je régrêtai de n'en avoir pas pris un plus chaud, quand Jason me tendis son pull.

"Faudrait pas que tu attrape froid ! Ce serait pas très malin le premier soir de la colo haha.
-C'est clair, ce serait con ! Merci, Jason."

Je l'enfilai, ce qui me réchauffa instantanément. Il était beaucoup trop ample et je dus remonter les manches à plusieurs reprises, mais elles retombaient quand même sur mes mains, les recouvrant presque entièrement. Mais j'avais chaud et c'était le principal. L'odeur qui se dégageait du vêtement était très différente de celle de mes fringues, mais plutôt agréable, et j'inspirai discrètement dans le col afin de la savourer. Je ressentais aussi l'air du soir, son odeur parfumée si particulière, et c'était tellement agréable que je me surpris à sourire toute seule. nous marchions en silence, tranquilement, et c'était juste... bien. Juste bien. Je me tournai vers Jason, hésitant à rompre le silence.

"Tu... tu trouve pas qu'on est bien ?"

Il eu un mouvement de recul et je baissai la tête, gênée. Je ne savais pas quoi dire. Je le sentis, plus que ne le vis, s'approcher. Je levais les et trésaillis, clignant plusieurs fois des paupières. Il était penché vers moi, extrêmement proche. Je tremblais légèrement, perdue, lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je frissonai sous la sensation, qui fut pourtant extrêmement fugace. Il m'avait embrassée. Il m'avait embrassée. Moi. Je rougis violement, posant doucement ma main sur mes lèvres. Les siennes étaient douces et chaudes. Je frissonnai à nouveau en pensant à ce que j'avais ressenti. Déjà, Jason s'excusai. Ses mots firent l'effet d'une gifle.

"Je t'excuse."


Ma voix fut plus froide que je ne l'aurais voulu. J'essayai de ne pas pleurer, ou je ne sais quoi.

"Tu sais, je ne t'en veux pas du tout."


Ma voix avait été faible, presque un murmure, et je me demandai soudain pourquoi j'avais dit ça, même si c'était la stricte vérité. Jeme sentais perdue. D'un côté, il m'avait embrassée, et j'avais aimé ça, je ne pouvais le nier. D'un autre... j'étais perdue, et ses excuses me perdaient encore plus.

Lorsqu'elle me répondit, je sus que j'avais déconné. Il y avait une sorte de regret, de déception dans sa voix qui me fendit le cœur. Je ne savais pas trop quoi faire, j'étais perdu. Et elle avait l'air aussi perdue que moi. Je ne savais pas ce que j'aurais du faire: Continuer à l'embrasser ? Ou juste ne rien faire du tout et passer un bon moment avec elle, en toute amitié. Tout ce bousculait dans ma tête. J'avais l'impression de l'avoir vexé ou blessé, quand elle ajouta d'une voix faible et mal assurée:

Tu sais, je ne t'en veux pas du tout.



Je me retournais et la regardais dans les yeux. En disant ça, elle m'avait redonné un espoir. Peut-être avait-elle aimé finalement ? Son ton semblait indiquer que oui, même si elle était aussi troublée que moi. Je plongeais mes yeux dans les siens, mon cœur battant à 100 à l'heure et pris doucement sa tête dans mes mains. Elle ne se défila pas, pas plus que moi. Je posais ainsi une deuxième fois mes lèvres sur les siennes, les pressant d'une façon plus assurée. Non je n'allais pas partir cette fois. Je passais en même temps une main dans ses cheveux blonds et fermais les yeux, profitant du moment.

Quand je sentis ses mains autour de mon visage, mon cerveau se déconnecta. Disons que je n'arrivais pas à réfléchir normalement, j'avais juste envie qu'il soit près de moi. Ca ne m'étais jamais arrivé, je ne comprenais pas et ne cherchais pas à comprendre. Ce qui est sûr, c'est que quand ses lèvres se posèrent sur les miennes à nouveau, je me contentai d'enfouir une main dans ses cheveux ébouriffés, l'autre plaquée contre sa nuque. Mes yeux s'étaient clos. Je me sentais juste... bien. Heureuse. Bizarrement heureuse.
Quand nos lèvres se détachèrent, impossible de dire au bout de combien de temps, et que je reposai les talons au sol, je souriais. Un sourire irrépressible. Je plongeai mes yeux dans ceux de Jason, effarée malgré tout par ce qui était arrivé, par ce qui m'était arrivé. Et tout ce que je réussis à souffler fut :

"Wow..."

Je ris. Prendre la place de quelqu'un ? Le fait qu'il en ai eu l'idée était ridicule.

"Non... carrément pas, non."


Je frissonnai lorsque Jason m'embrassa à nouveau, qu'il me tint contre lui, me caressant les cheveux. Je me glissai sans réfléchir dans ses bras et me pelotonnai contre lui, décidant de mettre mon cerveau en pause pour quelques temps, de juste... profiter. Jason répéta à nouveau "wow", comme si cette onomatopée était la seule capable de décrire ce que nous ressentions. J'éclatai de rire.

"Tu fais ça à toutes les filles que tu rencontrent pour la première fois ? le taquinais-je."


J'espérais que non. Mais en même temps, c'était trop beau pour être vrai. Je perdis mon sourire. L'idée qu'il y ai un "nous" me paraissait impossible. Certes, nous avions des choses en commun, mais aussi d'énormes différences. D'ailleurs... il parlait de prendre une place, ce qui me laissait un espoir, mais lui-même, ne trahissait-il pas quelqu'un ?
Aucune idée. Je n'osai pas demander. Je secouai la tête pour chasser ces pensées. *Profite...* Je nichai la tête dans le cou du garçon, respirant son odeur, et tentai d'oublier mes doutes.