6 ème année ♀

Dorea essaya de sourire mais ça devait plus ressembler à une grimace. Elle ne savait pas les détails mais Merwin avait été très malade et longtemps. Presque toute sa vie sans doute. Et le mot traitement suffisait à faire grincer Dorea des dents. Elle n'avait jamais beaucoup parlé au Poufsouffle mais savait qu'il ne pouvait être que sympathique : il était le frère de Marlène, déjà. Mais bon...

-Si il est bien ici c'est peut-être le principal... Il aurait fait la même crise ailleurs, et il aurait peut-être été moins heureux en dehors... En dehors de sa maladie.

Son grand-père avait tenu un discours similaire en essayant de convaincre Craigh de ne pas le laisser crever à l'hôpital. Quand on a un cancer en phase terminale, on préfère mourir entouré de sa famille que des infirmières... Pour ce que Dorea en savait, Merwin n'était pas en danger de mort et c'était d'autant plus vrai, qu'on préférait vivre avec des amis que survivre à l'hôpital.

J'aquiescai, un peu douloureusement..

"C'est que que je me dis aussi. Et puis, il a l'habitude. Malheureusement..."



Je décidai de passer à un sujet plus léger... et qui m'interessait grandement.

"Donc... toi et Bryan ? Tu te rappelles que c'est toi qui me l'a présenté, l'année dernière, alors qu'il est de ma famille ? rigolais-je. Faudra que je parle avec lui. En fait, je ne connais que Marianne. Troy ne peut pas me saquer parce que je lui ai mal parlé... ça date, je savais même pas que Mari était sa sœur, à l'époque, et encore moins que c'était mon cousin. Et Bryan, on a vaguement discuté, sans plus."



Je souris puis, malicieuse :

"Ca valait le coup d'attendre, alors ?"


Je me moquais de Dorea mais c'était mon amie. Sans être dans la philosophie du "qui aime bien châtie bien", je m'amusais volontier à charrier les gens que j'appréciais. Je m'assis en tailleur en tenant mes pieds collés, attentive bien que je sois quasi incapable de rester immobile.

Dorea reconnut sans peine le changement de sujet que Marlène n'avait pas prit la peine de dissimuler, mais ce n'était pas parce qu'elle était gênée qu'on parle de Merwin, plus parce qu'elle souhaitait avoir des petits ragots croustillants au sujet de Bryan et de Dorea, qui le savait parce qu'elle commençait à bien connaître son amie. Et qu'elle aurait fait la même chose.

-Attend deux secondes !

Souriante, Dorea sortit de sa valise des petits sablés de Noël à la canelle qu'elle avait fait avec sa mère, rangés dans une boîte métallique, et la posa entre elles deux, avant d'en attraper un.

-Ben, en gros... T'es venue à la maison et tu as bien vu qu'elle était archie-pleine et que je devais aller dans la tente. Bryan est allé aussi avec moi parce qu'on a plus de place justement. On s'est pas mal amusé comme des gamins, la journée, et le soir c'était... Y'avait des tensions.

Dorea ne prit pas la peine d'expliquer de quel genre de tensions il s'agissait et croqua dans son gâteau, avant de recommencer à parler, très classe et distinguée, la bouche pleine.

-Le 23 j'étais genre perdue dans mes pensées, lui il était en caleçon sur le point de se coucher, et, tu me connais, j'ai parlé à haute voix. J'ai dit qu'il était beau, il a dit merci, et j'ai arrêté de fuir, pour une fois dans ma vie. Je l'ai embrassé. En fait on s'était déjà embrassés une fois, mais c'était... J'étais déprimée et on a attendu. Là on s'est juste réembrassés

J'éclatai de rire au récit de Dorea.

"Faut vraiment que tu arêtes de penser à haute voix ! Même si ça t'as plutôt servi."

J'affichais un sourire extatique, avant piocher un sablé en forme de cœur et de fermer un œil et de le positionner de manière à ce que le visage de mon amie et le biscuit soient sur le même plan.

"Wow. Donc t'es en couple. C'est génial ! Ah, en parlant de ça... j'ai rompu avec Jas'."

Je lâchai ça sur un ton presque indifférent. J'avais eu le temps de réfléchir à cette histoire. J'avais eu quelque chose pour le gardien, mais... j'avais été triste, et nostalgique quand cet amour de vacance s'était terminé. Mais au fond, je n'étais pas réellement malheureuse. Lorsque Dorea parlait de Bryan, il y avait dans ses yeux quelque chose... que je n'avais jamais ressentit pour Jason. De façon totalement incongrue, l'image de l'un de mes amis, Anton, me vint à l'esprit. J'avais peut-être ressenti quelque chose d'approchant, au bal de ma cinquième année... et plus récemment, dans les escaliers. Je chassai cette pensée et fit un sourire à mon amie.


"Enfin bref. Joyeux noël et tout et tout. Pourquoi t'es rentrée, au fait ?"

Dorea leva des yeux rond vers son amie, surprise, et resta là quelques secondes avant qu'un flot e questions n'envahissent sa bouche, Mais elle se tut en voyant la mine de son amie. Ok, on n'en parlerait pas. Pas le matin de Noël en tout les cas. Marlène dévia de nouveau le sujet... Vers un autre qui ne devrait pas non plus être abordé le matin de Noël... Ni pendant le réveillon. Mais puisqu'il avait eut lieu pendant le réveillon, Dorea pouvait bien en parler à son amie: elle se sentirait mieux après. Théatralement, elle prit un biscuit en forme de petit bonhomme et le décapita d'un coup de dent bien placé.


-C'est un peu compliqué. J'me suis disputée avec mes parents. Ma mère principalement.
Dorea soupira, hésita puis finit par demander:
-Tu réagis comment si ta tante t'avoue que t'a été adopté? Je suis la fille de la meilleure amie de ma mère et de ma tante. Qui du coup ne sont absolument pas ma mère et ma tante. Et ma mère a mit... Presque 16 ans à me le dire. Et encore, elle a même pas pu me le dire elle-même, elle voulait pas.


Dorea était très touchée par cette histoire, parce que ça lui enlevait ses repères, dont elle avait bien besoin en ce moment. Elle se demandait si ses parents continueraient à l'aimer, malgré ça, ce qui était idiot puisqu'eux savaient depuis le début qu'elle était adoptée et l'aimaient malgré ça... Non? Dorea ne pouvait s'empécher de douter et de laisser les larmes couler le log de ses joues

Je soupirai. J'étais atrocement triste pour elle, d'autant que ma famille comptait énormément pour moi. L'image de Merwin passa dans mon esprit. "Mon double", avait dit Ariane. C'est vrai que nous étions tellement proche... je n'aurais pas supporté de savoir noter lien basé sur un mensonge. Je pensai à Marianne, dont on nous avait caché l'existence et inversement, nous coupant d'elle de force. Je me demandais comment Dorea supportait tout ça. Et en même temps...

"Dory. C'est qui ta famille ? A Poudlard, c'est les gensde ta Maison, et à l'extérieur ? Bah ouais : c'est ceux qui t'ont élevée, ceux que t'a aimé et que tu aimes. Ils t'ont menti, tu leur en veux, normal. Mais peut-être qu'ils avaient peur de ta réaction ? J'en sais rien, j'ai pas la réponse à tous ça. Mais je pense que tu devrais attendre, faire le point, et choisir ce que tu feras avec un peu de recul. Dorea pleurait désormais, et je la pris maladroitement dans mes bras. Dory... ils t'aiment quand même, hein. Sinon ils n'auraient pas eu de mal à te l'avouer, ils te l'auraient balancé sans aucune considération. Et puis, y'a d'autres gens qui t'aiment..."


Je chuchotais doucement à son oreille, la berçant un peu. Quand je me tus, je la gardai contre moi, puis au bout de quelques minutes je me détachai doucement et déclarai d'une voix catégorique :

"Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas aller aux cuisines prendre une tisane avec beaucoup de miel, remonter, la boire, et dormir."

Ça devait être la fatigue, mais Dorea était complètement d'humeur changeante et instable. Elle se laissait bercer par sa camarade, tout en écoutant. Elle avait pas tort, même entièrement raison. Mais c'était juste trop de chose à supporter pour Dorea en une soirée, sans doute. Quand Marlène eut arrêté de parler, les yeux de Dorea commencèrent à papilloner de sommeil, mais elle ne s'endormit pas, surtout que son amie venait de lui parler de nouveau. 


-J'ai pas envie d'y aller toute seule... Tu viens avec moi?

En fait, Dorea avait peur de croiser des gens, dans l'état ans lequel elle était, au matin de Noël. Elle avait aussi peur de croisere Bryan, même si lui devait probablement dormir, comme il ne l'avait pas fait pendant le reste de la nuit. Finalement, elle lui avait un peu gâché ses vacances... Il aurait pu aller avec sa famille, avec Marianne, Troy et leurs amis, au lieu de rester avec elle.