La tour d'astronomie

Troisième soir de colle, et je n'en étais pas mécontente. D'être là bien sûr, car ici je pouvais facilement fuir Jérémy. En y repensant c'était parce que je le fuyais que j'avais été collée, ça me faisait penser à une mauvaise blague tiens. 

Je soupirais de lassitude en arrivant à la tour, j'aurais mieux pris les choses aussi si je n'avais pas entrainer deux personnes avec moi. L'infirmerie, plus la colle, si elles ne m'en voulaient pas je ne comprenais pas. J'essaierais d'aller leur parler quand tout ça sera passé, pour m'excuser encore ou prendre des nouvelles. 

En attendant pour la troisième fois en cette deuxième semaine de rentrée, je devais nettoyer la tour d'astronomie. Avant que la classe ne commence bien sûr, une classe de Serpentard de 7e année si je me souvenais bien. J'attrapais donc le saut avec la serpillère dans un placard, le balai, et un plumeau défraichit qui avait apparemment fait son temps. 

- Pffff bien sûr ça ne serait pas une colle si c'était drôle et rapide. "Pas de baguette ! A la manière moldue" m'a dit Rusard. Lui il nous enterrera tous ! 

Me mettant au travail, je commençais par mettre un coup de plumeau défraichit aux toiles d'araignées au plafond et dans les recoins, que je soupçonnais de ne pas être normales vu la vitesse à laquelle les toiles revenaient chaque soirs. Après ça je passais un bon coup de balai en râlant contre ce vent infernal qui faisait monter et s'étaler des gros tas de feuilles depuis le parc. 

* Franchement à cette hauteur c'est pas croyable ! Il doit bien exister un sort anti-feuilles dans un manuel de jardinage ? Ou alors ils le retire exprès quand les élèves sont collés ici, ça ne m'étonnerait pas tiens ! *

Je mis une bonne heure à me battre contre ces tas de feuilles qui volaient dans tous les sens, pour mettre enfin les dernières dans un sac poubelle et le fermer. Essuyant mon front d'un revers de manche, je m'asseyais cinq minutes par terre, pour souffler un peu. Mais en pensant que Rusard pouvait arriver à n'importe quel moment pour vérifier que je travaillais bien, je me relevais d'office pour me remettre à la tâche. 

Après le balai c'était au tour de la serpillère dont j'allais remplir le saut d'eau bien chaude avec un produit pour les sols que j'avais trouvé au fond de ce placard. Ah que je détestais passer la serpillère ! Tant pis si je rentrais très tard, je prendrais mon temps, je n'étais pas du tout motivée à laver les dalles de pierre de cette façon. Je ne savais plus si je détestais Rusard ou les moldus, ou peut être miss Aloméda... Ou Alors Jérémy, ou encore ce fichu Saule cogneur ... Oui, à cet instant où je frottais la pierre avec un truc que je voulais réduire en petits morceaux, je détestais tout le monde. 


Après encore une heure, j'avais enfin terminé sans savoir quelle heure il était. Mais à entendre le brouhaha qui commençait à gronder depuis le bas des escaliers de la tour, il devait être minuit ou presque. Je me dépêchais de ranger le matériel dans le placard et de sortir de là avant d'avoir la honte de me faire prendre dans ma punition. Et puis en plus je les imaginais bien se moquer s'ils voyaient la tête que j'avais après des heures à nettoyer cette fichue tour d'astronomie : le visage rouge et gouttant de sueur, les cheveux décoiffés comme jamais, et les vêtements chiffonnés. 

* Là tout de suite je veux une bonne douche, bien chaude, et mon lit. J'ai mal partout c'est affreux. *

Réussissant à me glisser dans un recoin des escaliers en colimaçon, j'attendais que les élèves me passe devant sans me voir, avant de repartir à l'opposé d'eux. J'avais hâte de retrouver à ma salle commune et en même temps mes courbatures m'empêchaient de courir, je me trainais donc pour rentrer ...

Eleanor avait besoin d'être seule. Toute seule ! 
Damon semblait se rapprocher de plus en plus d'Azel, et bien qu'elle ne l'avoue pas ni aux autres ni à elle-même, cela lui faisait mal. Elle avait envie de pleurer et de hurler. Elle, le vilain petit canard, timide, rougissante, les cheveux emmêlés et l'oeil rieur, ne pouvait rivaliser avec le corps déjà très féminin de la blonde des rouges et or ! 

Alors qu'elle cherchait un endroit calme, qui ne fut pas pris d'assaut par une tonne d'apprentis sorciers, il lui vint une idée : la tour d'astronomie. Souvent délaissée, à part lors des cours, la tour était l'endroit parfait pour qui cherche la solitude. De plus, son accès était interdit ce qui rendait l'expédition légèrement dangereuse. Le moyen parfait pour oublier ce qui la torturait. 

Pourtant, alors qu'elle arrivait presque en haut, la jeune fille se figea. Elle avait entendu des voix... 
Alors que ces voix ne semblaient pas faire attention à elle, Eleanor continua d'avancer prudemment. ce n'était pas une voix d'adulte qui prédominait, pas de risque de se prendre  une colle. 
Poussée par la curiosité, elle s'avança mais la jeune fille qui se trouvait en haut l'entendit et se retourna vivement. Il s'agissait de Marianne ! La Serpentard maladroite avec qui elle avait eu un début de dispute avant que Damon ne s'interpose... 

- Qu'est ce que tu fais là toi ? Eloigne toi du bord, où tu risques de t'étaler comme dans le couloir ! 


La colère était toujours présente en elle, et cela lui fit oublier toute timidité. Pourtant le ton employé n'était pas censé être méchant. La verte et argent avait manqué de tomber, encore une fois, et Eleanor ne voulait pas avoir une mort sur la conscience. 

A peine Eleanor avait-elle parlé, que déjà la vipère passait à l'attaque ! Elle était décidément bien nerveuse... Alors qu'Eleanor avait décidé d'oublier ce qui s'était passé la veille avec Damon et Azel, Marianne en remettait une couche ! Très, elle l'aurait cherché, elle allait voir de quoi la jeune, mais néanmoins caractérielle Gryffonfor était capable lorsqu'elle était énervée ! 

- Je suis là pour être toute seule ! Mais maintenant c'est raté, et d'après ce que je vois tu n'as pas envie de me fiche la paix ! 

La colère contenue d'Eleanor menaçait maintenant d'éclater à tout moment. Marianne allait prendre pour tout les autres. 

-Si tu continues ton cirque par rapport à Damon, prends le. Je m'en fiche. Il ne vaut pas un cheveu de vélane... Et je vais te dire un truc, gamine. Qu'il te demande d'être sa petite amie, c'est attendre l'Arlésienne. Et j'ai franchement l'impression que tu es fleur bleue.


La chose qu'elle tenait dans ses bras quelques minutes auparavant se mit à parler. D'un garçon visiblement. Elle le fit taire et son attention se rabattu sur la brunette qui bouillait. 


- ... Eleanor, c'est ça ? Arrête de t'accrocher à lui comme à une part de gâteau ! Si ça se trouve, en ce moment même, il a un rendez vous galant ! 



- Je ne t'ai pas parlé de Damon il me semble ! Si te remet ça sur le tapis, c'est que tu dois pas être si détachée que ça ! Quant à moi, je me m'occupe de mes fesses, occupe toi des tiennes! Je ne sais pas qui est la gamine entre toi et moi ici ! Un rendez-vous galant, c'est clair que c'est pas à toi que ça devrait arriver ! Pourquoi tu es en colère ? C'est cet "Adri" qui t'obsède ? C'est pas moi la fleur bleue ici il me semble ! 

Tout était sorti d'une traite, et Eleanor n'avait presque pas respiré durant sa longue tirade. Elle criait presque sans retenue et sa peau tacheté commençait à virer carrément écarlate.