Than & Marlène (-) Au milieu du bal

Je filai un grand coup de coude au garçon.

"Je te déconseille de te moquer. fis-je, faussement agacée. Et pour te répondre, je rentre en sixième année."

Je songeai avec ironie que je semblait un bien piètre menace. En fait, je n'avais pas l'air de grand chose, sinon d'une poupée de porcelaine. cheveux blonds, peau très pâles et yeux immenses. Sauf que les cheveux étaient lisses et courts, et les gris et non bleus. En fait, en observant mon reflet dans un mirroir proche, je réalisai quelque chose. Je n'avais pas l'air enfantin. Sans qu'on ne puisse se tromper réelement sur mon âge, quelques airs d'enfance subsistaient sur mon visage. Aujourd'hui, malgré ma petite taille, et malgré ce qu'en disait Anton, on ne pouvait pas se tromper. J'avais 16 ans. Et l'air d'une princesse, ajoutais-je presque malgré moi.
Je n'avais jamais pensé que porter une belle robe me ferait autant plaisir, au contraire, j'en portais peu, mais la sensation du tissus sur mes jambes, les plis que formaient la robe quand je bougeais, tout cela me charmait. Je me surpris à sourire largement alors que mon regard se reportait Anton.

"Pour ce qui est du Quidditch, je ne peux qu'être d'accord avec toi : Les poursuiveurs sont les meilleurs. Toutefois, je dirais que sans gardien ou batteurs, ça n'aurait plus le même charme. Sans compter que Dorea est gardienne. Donc tu ne diras pas de mal des gardiens ce soir. Enfin, pas trop... je souris, espiègle. Je suppose que tu joues au poste que je convoite. Nous risquons fort d'être adversaires, par conséquent."


Le Quidditch. Mon sport préféré depuis toute petite. Nous étions de grands fans et ne loupions jamais l'occasion de voir un match. Ou presque. Et le poste de poursuiveuse m'avait toujours attirée, d'autant plus que j'étais douée, nombreux étaient ceux qui le disaient.

Je prenais un air faussement apeuré pour répondre à Marlène :


- Oh mon Dieu ! Je vais me faire attaquer par un moineau ! Pitié ne me mange pas ! Nous sommes donc dans la même classe... Ah mais oui c'est vrai ! Je me rappelle de voir passer devant moi un petit tapis blond de temps en temps... C'est donc toi qui déambulais sous mon nez ! Qui l'eut cru ? Bon d'accord j'arrête. Sinon tu vas finir par me provoquer en duel, et après il y aura des morts et il faudra expliquer ça aux autorités, ça va prendre du temps et au final tout le monde sera énervé. Alors restons en là.



Quand à Dorea... Meh, chacun a des défauts alors je suppose que s'en est un. Oui nous serrons adversaires cela ne fait aucun doute, mais tu ne t'en tirera pas aussi facilement ! Je vais te faire tourner en bourrique a un point tel que tu saura même plus faire une passe. Tu vas valser comme ça en fait !


A peine avais-je fini ma phrase que j'attrapais Marlène par la main et la faisais tourner sur elle même en souriant.

Je pris un air furieux en écoutant Anton se moquer de moi. Se reprenant en me voyant mi-boudeuse mi-agacée, il repris :

"Bon d'accord j'arrête. Sinon tu vas finir par me provoquer en duel, et après il y aura des morts et il faudra expliquer ça aux autorités, ça va prendre du temps et au final tout le monde sera énervé. Alors restons en là.
-Des morts ? Qui ça ? demandais-je avec mon air le plus innocent. Non, il y aura un seul mort, voyons ! Je lui fit un sourire démoniaque avant de reprendre : le cadavre d'un jeune ado aux yeux verts et aux cheveux châtain..."


Il se lança à nouveau dans une tirade que j'écoutai avec amusement, quand il atrappa ma main avant de me faire tournoyer. J'éclatai de rire alors que les plis de ma robe s'étendaient autour de moi. Lorsque j'arrêttai de tourner et m'arrêtai face à lui, les joues rosies, je pris conscience de notre soudaine proximité, ce qui ne fit qu'augmenter mes rougeurs. Il y eu un instant de flottement avant que je me reprenne, et lâche, désignant l'orchestre :

"Alors comme ça, tu veux valser ?"


Je me moquais de savoir s'il allait prendre ma boutade au sérieux. Après tout, j'étais ici pour m'amuser, non ?

- Aller danser ? Euuuh....

Et voilà.... Voilà ce qui arrive lorsque l'on veut faire le malin. La demande légitime de Marlène me prenait au dépourvu car je n'avais pas pensé une seule seconde que ce moment viendrait aussi vite. Nous étions bien à coté du buffet... Pourquoi vouloir en partir si vite ? On était bien là, juste à coté de la nourriture et loin de la piste... Non pas que danser avec Marlène me faisait peur, ça non. Je n'avais pas peur de beaucoup de choses, et danser ne faisait partie des choses que je qualifiais alors d'effrayantes. Tout comme les cookies ou les loopings sur un balai d'ailleurs...

En réalité le problème était que je n'avais pas valsé depuis longtemps. Je ne l'avais fais qu'une fois auparavant, lorsque j'avais accompagné mes parents à un gala lors d'un voyage à Paris. Et c'était de nombreuses années auparavant. Je devais être bien rouillé de ce point de vue ci, et de plus je n'avais appris les quelques pas de danse que j'avais alors utilisé seulement une heure avant. Et encore, "appris" était un bien grand mot... J'avais plutôt tenté de mémoriser des enchainements de mouvements sans trop me tromper, et au final j'avais fini par espérer que les gens ne serraient pas trop regardant sur ce que je faisais. Par chances les filles de cette soirées s'étaient plus moquées de mon pitoyable accent français que de mes talents de danseur.
Ne pouvant plus reculer sous peine de passer pour un lâche, je me devais d'accepter la proposition de ma cavalière.


- Oui allons-y. Mais ne te moque pas si on tombe par terre ou si je te marche sur les pieds... Après vous, mademoiselle, fis-je en m'inclinant légèrement et en indiquant la piste d'un revers de la main.

hrp:

Pour le sortir de l'embaras, je faillis répondre que c'était une blague, une peite moquerie, mais il parut se décider, à ma grande surprise :

"Oui allons-y. Mais ne te moque pas si on tombe par terre ou si je te marche sur les pieds... Après vous, mademoiselle, fis-il en me désignant la piste, prononçant son dernier dans ma langue maternelle.
- J'me moquerais pas, promis." souris-je.



Je le précédai, m'amusant intèrieurement de sa galanterie, mais au fond, j'étais troublée. Danser avec Anton ? Cela faisait assez longtemps que je n'avais pas dansé, alors dansé avec un garçon de mon âge ? Pire, un garçon plus âgé, et que j'appréciais ? Enfin, comme un ami. Lorsque nous arrivâmes au bord de la piste, je marquai un temps d'arrêt alors que la musique s'arrêtait. Profitant de cette courte pause entre deux morceaux, je me tournai vers Anton, souriant pour cacher ma gêne :

"Donc, tu sais encore un peu valser ? Ou je dois m'attendre à un écrabouillage d'orteils en règle ?"

Je suivais Marlène sur le bord de la piste, laissant passer un couple qui en partait avant de la rejoindre.

- Eh bien... Dans le doute, disons que tu va te faire écraser les pieds et appelons les pompiers tout de suite. Parce que ça doit faire environ trois ou quatre ans que j'ai pas dansé alors... Il se pourrait que tu finisse l'année avec des orteils un peu aplatit...  Mais si tu veux renoncer c'est encore possible, la musique n'est pas encore repartie.


Je levais les yeux et regardais autour de moi. Je cherchais du regard des couples encore accrochés l'un à l'autre pour essayer de me remémorer les mouvements. Mais tous s'étaient arrêtés avec la musique, les plis des robes ne volaient plus dans les airs, pas plus que les semelles cirées glissaient sur le sol. En désespoir de cause, je me retournais vers la Serdaigle pour lui demander si connaissait mieux que moi :




- Et toi alors ? Tu as déjà valsée ? Par pitié dis moi que oui, et que c'était la semaine dernière...

J'éclatai de rire en entendant Anton. Il expulsai toujours son stress en disant des anneries ?


"Mais oui, j'ai 3000 occasions de danser la valse à Poudlard... ironisais-je. Puis, j'ajoutai plus sérieusement : Ca va faire plus d'un an que j'ai pas dansé mais si ça peut te rassurer j'ai appris très jeune et dans la valse comme je respire, ou presque."


Bon, ok, je me la pétais un peu, là. Mais c'était pas loin d'être vrai, j'avais toujours été douée.

"Quant à renoncer, pas question. D'ailleurs..."


Je désignai la piste, une valse rapide venait de commencer.Adriel et Winnona Digory passèrent près de nous alors que j'entraînais Anton par la main.

"compte les pas, ça va t'aider." chuchottais-je.

Cette valse était un peu rapide pour un débutant, mais je supposai que ça irai. Je placai ma main dans la sienne et déposai l'autre sur son épaule.

L'assurance de Marlène était belle à voir. Elle au moins savait ce qu'elle faisait ici... J'avais eu l'impression de naviguer à l'aveugle depuis que je l'avais retrouvé dans le hall. Aller à un bal, pourquoi pas. Y venir avec une cavalière, passe encore. Mais danser une valse avec elle... Rien de plus normal n'est-ce pas ? Et pourtant... Au fond de moi je redoutais ce moment depuis le début. Je n'avais pas même le temps de soupirer qu'elle m'attrapais la main et m'entrainais sur la piste.

*Oh et meeeeerde....*

Je voyais passer un couple de préfets qui avaient l'air de follement s'amuser. Et qui savaient danser... Comme si l'un était étroitement lié à la réalisation de l'autre... Je tentais bien de compter les pas comme conseillé, mais si je me concentrais là dessus je perdais la notion d'espace avec mes pieds et je marchais sur ceux de ma cavalière. Et quand je faisais attention à ne pas lui broyer les orteils sous mes bottes, je perdais le compte des pas.  Dès la fin de la musique -que j'avais attendu un bon moment- je lâchais Marlène et retournais sur le bord la piste d'un pas rapide et énervé. Il ne s'e n'était fallu de peu que je quitte la piste avant même la fin de la danse, mais par respect pour la Serdaigle j'étais resté jusqu'au bout. Mais pas une seconde de plus. J'avais l'impression que tous avaient vu la catastrophe ambulante qui avait tourné sur le parquet pendant de longues minutes.
Je me dirigeais vers la sortie, bien décidé à ne pas revenir de la soirée.

Je souris. Il cafouillait un peu, mais ne se débrouillait pas trop mal. Je grimacai à deux ou trois reprises quand il me marcha sur les pieds. Toutefois, je ne m'attendais pas à ça. A peine la musique terminée, il me lâcha, me laissant en plan au milieu de la piste, et se dirigea vers la piste. Nombre de personnes me regardaient, et je rougis violement, baissant la tête. La honte. Sans réfléchir, je partis à sa poursuite, ramenant les pans de ma robe contre moi pour me déplacer au plus vite. Je courais presque, et une fois la porte passée, courus pour de bon pour le ratrapper.

"Anton !"


Je m'arrêtai à sa hauteur, indécise.

"Tu... ça va ? Je... j'ai fais quelque chose de mal ?"

Je me mordis la lèvre. Je ne savais pas si tout cela avait un rapport avec moi, ce que je savais, c'est que j'étais mortifiée et qu'on allait surement se moquer de moi. Je savais aussi, que je m'en tapais. Pour l'instant, ce que je voulais, c'était comprendre. LE comprendre.

"Anton !"


Je m'arrêtais en entendant Marlène crier mon nom. Enfin il me fallait quelques secondes pour rappeler que c'était moi qu'elle appelait. Je me retournais pour la regarder alors qu'elle courait vers moi.



"Tu... ça va ? Je... j'ai fais quelque chose de mal ?"


- Non pas du tout. Ce n'est pas toi le problème. Je soupirais, comme pour me vider toute la frustration de l'instant précédent. C'est moi... Je m'en veux. T'as bien vu, et surtout sentis comment cette valse était non ?! Un vrai désastre ! Tu dois avoir des palmes à la place des pieds maintenant... Très pratique... On était le pire couple sur la piste, et bien sûr par ma faute ! C'est n'importe quoi. N'importe quoi !! criais-je en levant les bras. Tu veux pas changer de cavalier ? Un qui serrait... Je sais pas moi, meilleur danseur et plus galant ? Ce serait utile dans une soirée comme celle là...


Je faisais quelques pas pour essayer me calmer. Je prenais une grande inspiration en fermant les yeux, puis faisais face à la Serdaigle :

- Écoutes, je suis désolé. Pour ça, et pour la valse. Peut-être que c'était une mauvaise idée pour moi de venir. Je crois que je vais aller faire un tour avant d'y retourner. Tu devrais aller t'amuser, ce bal n'arrive qu'une fois par an...

J'écarquillai les yeux. Pourquoi il se dénigrai à ce point ? Je m'en moquais d'être ridicule, enfin plus ou moins... mais je n'aimais surtout pas que le Serpentard culpabilise bêtement. C'est pourquoi je pris le temps de sourire avant de répondre :

"T'es surement pas le meilleur de la salle, loin s'en faut, mais à mon avis y'en a des pires , et puis pour la galanterie franchement j'ai pas trop à me plaindre. Et puis, je pris un air sérieux, tu dis qu'il faut que j'en profite, mais toi aussi t'a le droit de t'amuser ! Non ?"

Je lui attrapai le bras et le tirai vers la salle. Pas question de m'amuser sans lui, après tout, je n'avais jamais laissé mes amis en plan, ce n'était pas ce soir que j'allais commencer !

"Anton Vlagasda tu viens à ce bal. Maintenant. Et je te préviens, c'est un ordre. Pigé, Flagada ?!"


Je lui tirai la langue, avant de faire volte-face, l'entraînant à ma suite.

Les encouragements de Marlène paraissaient sincères, et elle me gratifiait même d'un sourire après la valse pitoyable que nous venions d'avoir.


- Mouais... On trouve toujours pire à ce qu'il paraît... Pour la galanterie désolé, j'ai pas vraiment l'habitude d'inviter une fille à danser. Enfin ça tu l'as déjà remarqué... Ce que je veux dire, c'est que heureusement que j'ai retenu deux ou trois choses de mon séjour en France, sinon j'aurais vraiment l'air d'un ours. Et il y a surement mieux pour un bal de fin d'année !
Et puis je vais en profiter ! Mais.. certainement pas sur la piste...

C'est à ce moment là qu'elle me prenait par le bras pour m'entrainer de nouveau vers la salle.

*Flagada ?!*

- Fais gaffe petit moineau ! Je mords parfois ! Alors raison de plus pour rester hors de portée de mes crocs !

Je ris, soulagée par la tournure que prenaient les événements.

"Anton, tu t'amuse avec qui tu veux, comme tu veux. Tu peux même danser nu sur une table si ça te fais plaisir. Du moment que tu n'essaie pas de m'entraîner avec toi."

Nous entrâmes à nouveau, ignorant les quelques regards posés sur nous. Je lui souriais, ravie d'avoir pu réparer les choses entre nous. Je ricanai à ses menaces pitoyables.

"C'est ça c'est ça, j'suis morte de trouille ! fis-je, sarcastique. Au fait, tu m'avais pas dit que tu avais passé du temps en France."

N'empêche, je ne voyais pas pourquoi il se plaignait ! C'était pas pire que Tagada, franchement ! Je souris toute seule en pensant que l'apellerai ainsi la prochaine fois. Je trouverais bien une occasion pour lui refiler ce surnom débile.

Le retour dans la salle de bal fut moins compliquée que je ne l'avais pensé. On nous regardait certes, mais ils revenaient tous assez vite à leur conversation ou à leur danse. Je regardais Marlène avec étonnement :


- Euuh... Danser sur la table après quelques bouteilles, pourquoi pas. Mais nu... Là il va falloir lancer un sacré concours de boisson... Et puis il y a des jeunes ici. Ce serait dommage qu'ils voient la perfection incarnée avant même leur majorité, car la vie leur paraîtra si fade après ça...
Je n'en parle pas. Principalement parce que... Bah ça ne concerne que moi, mais aussi parce que je n'en ai pas un souvenir très clair.. C'est comme une vieille VHS trop usée, avec des coupures dans le film. J'ai juste en mémoire un court passage, et je ne sais ni pourquoi ni comment j'étais  à Paris ce soir là. Alors je me voyais mal te dire un truc du genre "hé mais moi aussi je suis allé en France t'sais ! C'était je sais pas quand, avec je sais plus qui et pour y faire je sais plus quoi; mais j'y suis allé !"