Le lac noir

Sawal se dirigeait discrètement vers le lac, une fiole remplie d'un liquide doré à la main. 
Il était environ dix heures et le jeune homme sortait de cours de potion. Ils avaient dû préparer une potion d'invisibilité. En duo avec Marlène, ils avaient tenté de faire de leur mieux, hélas la mixture censée être d'un joli rose pâle était devenue dorée. À la fin du cours, Marlène s'était enfuie de la classe en riant, laissant Sawal apporter un échantillon de leur travail au professeur. 
Il trouvait la couleur de la potion très jolie et avait décidé d'en garder un peu pour pouvoir la contempler. Il avait ensuite, avec la malchance qui le caractérisait en cours de potion, renversé son chaudron. Mortifié, il avait nettoyé le tout d'un coup de baguette et avait filé dans demander son reste. 
Sawal avait fait tourner distraitement la fiole entre ses doigts pendant un moment avant de se dire que, peut-être, la potion pouvait être dangereuse. Cette pensée ne dura qu'un bref instant remplacée par une autre. 

*Comment ça fait quand je dissous un joli liquide comme ça dans de l'eau ?* 

Ni une ni deux, Sawal s'était dirigé vers le lac à pas de loup. Il était à présent penché sur l'eau claire du lac, sa fiole à la main. Il la déboucha et commença à la verser dans le lac. Pas à un seul moment le fait que ce simple geste pourrait avoir des conséquences désastreuses ne lui traversa l'esprit. Il se contentait d'observer, fasciné, la potion dorée se diluer dans l'eau en formant de grandes arabesques. Il voulut refermer la petite bouteille mais elle lui échappa des mains et tomba dans les profondeurs sombres du lac.

- Mais, s'écria-t-il agacé, tout me tombe des mains aujourd'hui !

Haussant les épaules il se releva et retourna vers le château. Avant que le lac ne disparaisse de son champ de vision, il y jeta un dernier coup d'oeil. Il sourit, amusé par la nuée de canards qui y barbottaient. 

*Allez maintenant, direction le château et dans deux heures ... On mange !* 



HRP : Suite dans la Grande Salle.

Nulle, nulle, nulle. C'était le mot qui martelait l'esprit de Dorea depuis sa fuite lâche de la salle commune. Actuellement, elle courrait dans les couloirs, pour s'éloigner. Sa réspiration était d'autant plus hachée que des sanglots violents montaient en elle, comme la lave montait dans un volcan. Elle savait qu'elle était en train d'exploser, et cela lui faisait peur. Elle était tellement faible en plus... Avoir éviter Bryan pendant des mois pour finalement craquer comme une idiote ainsi ?  Elle était nulle, nulle... 
La Serdaigle finit par se jeter dans l'herbe verte du bord du lac. Elle ne savait pas par quel miracle elle avait atterrit ici, mais elle s'en fichait et n'était pas en état de se poser des questions. Elle n'était bonne à rien, juste à sangloter et se fustiger. Pas capable de se contrôler, elle avait laissé Bryan voir trop de choses. Et comme une imbécile, elle n'avait pas supporté de le voir inquiet pour elle, celà l'avait juste ft paniquer. Pourquoi elle était si conne ?  Elle apprenait qu'il l'aimait, et elle fuyait ainsi ?  À se questionner ainsi, la jeune fille ne parvenait qu'à faire redoubler d'intensité ses sanglots, et on l'aurait plutôt dit prise de convultions à cet instant. Alors qu'elle se sentait perdre encore plus prise, si c'était possible, elle sentit une main chaude se poser sur son bras. Grande, calleuse main chaude. Rassurante. 
Dorea prit une grande inspiration tremblotante. Elle se sentait faible et ridicule de se donner ainsi en spectacle devant quelqu'un, mais n'était plus capable de bouger ou d'ouvrir les yeux. Si elle le faisait, un torrent de larmes dévalerait probablement le long de ses joues. Elle se concentra donc uniquement sur sa respiration, déterminée à se calmer d'elle-même, avec juste l'aide de la main.

Celà lui prit longtemps, mais Dorea finit par ouvrir ses yeux chocolats, encore larmoyants. Juste au dessus d'elle, le propriétaire de la main la regardait, inquiet. Bon sang, pourquoi l'avait-il suivit jusque dans le parc ?  Elle l'avait surement blessé, il avait d'ailleurs l'air fatigué. Mais la réponse vient d'elle même, alors que les yeux chocolats fixaient le gris en face. Il s'inquiètait pour elle. Bordel, il s'inquiétait pour elle !  Elle l'avait ignoré pendant des mois, des lustres, l'avait évité de manière tout sauf discrète après s'être laissée allée avec lui en tour d'Astronomie, l'avait probablement blessé et voilà qu'il s'inquiétait pour elle ? 
Dorea éclata d'un horrible rire nerveux et hystérique, sous les yeux médusés du blond au dessus d'elle. La jeune femme était probablement effrayante. Bipolaire, voilà ce que devait penser le garçon au dessus d'elle. 

 -Dorea ?  Dorea, ça va ?

Elle était un monstre de faire subir ça au pauvre Tylerson. Un monstre bien pathétique. Son rire cessa très rapidement, et elle se retrouva à nouveau au bord des larmes. Il ne devrait oas s'inquiéter pour elle.


-Je... Pardon... Pardon, pardon, pardon ! 

Elle repartit dans une avalanche de sanglots tout en palsmodiant des "pardon". Elle se sentait tellement faible, et lui la reprenait dans ses bras, après tout ce qu'elle avait fait... Elle se dégagea en douceur, et descendit jusqu'au bord du lac pour se mouiller le visage. Il faisait chaud, et pleurer n'arrangeait pas les choses, elle avait le visage en feu. Elle retrourna s'asseoir aux côtés du frère de Marianne, mais restait extrêmement tendue, sur ses gardes. Et lui avait retenu un geste d'affection, sans doute aurait-il voulu la prendre dans ses bras, mais il avait compris qu'elle n'avait pas besoin, ou plutôt ne voulait pas de pitié. 


-Je suis tellement désolée...

La voix de la jeune fille était toute tremblotante, et elle prit une grande inspiration pour se calmer.


-Je... Après l'autre nuit, dans la tour d'Astronomie... J'ai paniqué, complètement paniqué. Je... J'ai toujours voulu tout contrôler, tu comprend ?  

Bryan fronça les sourcils, prenant une expression de visage complètement craquante, du moins aux yeux de Dorea. Il semblait attendre la suite de son raisonnement, mais elle avait tellement honte...


-S'il te plaît, ne m'interromp pas, à partir de maintenant, sinon je vais me dégonfler...  En gros, je... Bon sang !  Je me laisse aller... Je me suis laissée aller à du sentimentalisme... Je... Ça m'a fait peur, ok ?  L'indépendante petite Dorea, soudain sans force, sans contrôle face à une situation pourtant normale. Je ne comprenais pas pourquoi je te laissais faire, à ce moment là, dans la tour. En plus, j'étais terriblement en colère contre toi, à cause de ce que vous faisiez subir, avec Troy, à Adriel et Marianne. Après, j'ai compris... Et j'ai eu encore plus peur. Je...

La Serdaigle n'arrivait pas à dire les deux mots qui scelleraient sa petite péroraison. Elle se rallongea dans l'herbe, les yeux fermement fixés sur le coin du ciel le plus éloigné de Bryan, et prit une respiration tremblotante. 

- Je t'aime.

Soudain, Bryan était au dessus d'elle, et venait de parler. Il la regardait comme... Elle ne pouvait le décrire, mais quelque chose se passait. Et soudain, sans qu'elle ne co prenne comment, ils se retrouvèrent à s'embrasser, timidement. C'était tout doux, avec un gout salé des larmes qu'elle avait laissé couler. Dorea sourit contre les lèvres du sixième année, d'un sourire triste. Elle se dégagea doucement et dit : 


-Tu ne devrais pas. Je... Je suis horrible avec toi, tu ne devrai vraiment pas faire ça... Ce n'est pas parce que je t'aime que tu dois le faire, et...

La brunette fut coupée par les lèvres de Bryan, qui avaient repris possession des siennes, beaucoup plus brusquement. Alors, elle décida de se détendre à nouveau.

Jamais Dorea ne s'était sentie aussi fatiguée, lasse. Le temps lourd n'arrangeait rien. La chaleur étouffante et orageuse de mi-juin s'insinuait telle un esprit dans la jeune femme, et repartait avec toute sa force et sa motivation, la laissant faible et presque déprimée. Au plus creux de l'hiver tout le monde se plaignait du froid, mais c'était le moment de l'année que la bleue et bronze préferait. La chaleur n'était bonne qu'à l'étouffer. 
Une de ses amies moldues lui disait souvent qu'il était assez surprenant qu'elle supporte aussi mal l'été, alors qu'elle même adorait cette saison, malgrès le fait que sa peau devenait écrevisse et douloureuse. En effet, Dorea avait au moins cette aventage là sur ce satanée soleil :  sa peau était un parfait bouclier anti rayon ultra-violet. Mais sa masse de cheveux, qu'elle avait grossièrement attachée en un chignon, lui tenait bien trop chaud. 
Ennuyée par le temps et l'ambiance étouffante pré-examen (qui n' était pas pour rien dans l'humeur de la demoiselle), Dorea sortit dehors. Direction le lac ! Il aurait été inutile de prétendre faire quelque chose de constructif par cette chaleur. Elle avait délaissé sa cape et sa jupe depuis longtemps, et n'avait conservé que son chemisier blanc, ouvert sur le haut, sur lequel pendait sa cravate qui ne lui avait jamais donné un air aussi décontracté. En petit short, il semblait évident que l'été était là :  il se faisait ressentir sur les tenues des élèves. 
Arrivée au bord du lac, la Serdaigle prir ses chaussures en main et c'est les pieds dans l'eau qu'elle continua à marcher. Complètement perdue dans ses pensées qui maudissaient la chaleur , la Serdaigle trébucha sur quelque chose d'un peu mou. La calamar avait visiblement fait les frais de sa non-concentration. Sincèrement désolée, la bleue et argent lui gratouilla le tentacule en guise d'excuse. Ses chaussures vinrent se poser sur la berge, ou elle aperçut une Gryffondor qui ne lui était pas inconnue. Seule.


-Bonjour !  Elisabett, c'est cela ? 

Elle était presque sûr du prénom, mais était-ce Elisabett ou bien Elisabeth ?   Sa mémoire, jugée "extraordinaire" ne s'appliquait visiblement pas au patronyme de ses camarades.

Dorea eut un sourire pour sa camarade: il était facile de sociabiliser avec elle, assurément elle était le genre de personne qui poussaient facilement à la confidence.

-Moi,c'est Dorea. Et je peux comprendre que tu n'ai pas retenu mon nom, alors même qu'il y a pleins d'élèves ayant quitté Poudlard, l'école reste très peuplée...

Les Serdaigles de cinquième années avaient été plutôt peu touchés par la vague de "presque" disparition de tout ses élèves. Leurs parents avaient dû être réellement inquiets de ce qui était arrivé à la préfete Gryffondor. Dorea pour sa part ne la connaissait pas vraiment. Quand à la professeur, elle n'avait jamais eu aucun avis, ni positif ni négatif, sur elle. Elle avait bien évidement été attristée par sa mort.

-Je n'ai jamais cours à cette heure. Et comme il fait chaud, je suis venue chercher la fraicheur et l'ombre jusqu'au lac.