Balade en bord de mer

Je dévalai le chemin, ravie. J'adorais la mer. Je me débarassai de mes tongs en atteignant le sable, me tordit l'orteil sur un galet qui trainait, ce qui me fit perdre l'équilibre. Je continuai toutefois mon chemin en sautillant, et m'assit sur le sable, attendant les autres pour filer vers la crique qui nous était réservée, passant pour cela entre deux grands rochers.
J'installai rapidement ma serviette et décidai d'aller seulement tremper les pieds pour l'instant, attendant quelqu'un de courageux pour venir avec moi. Je marchait le long de l'eau, avant de grimper sur un rocher pour m'y asseoir tranquillement, pieds trempant dans l'eau. Il y avait sous le rocher un creux, la profondeur en dessous était donc nettement plus importante qu'ailleurs. D'après ce que je pouvais voir, l'eau devait m'arriver à la taille, au moins...
Je battais machinalement des pieds, produisant un certain nombre d'éclaboussures, quand une voix hystériques et nettement féminine rompit ma tranquillité en me vociférant dans les oreilles. Je n'eus même pas le temps de comprendre ce qu'elle disait, car je me retrouvai soudainement plongée dans l'eau (glacée !). J'émergeai en pestant, intégralement trempée et grelotante.

"Mais t'es complètement dingue !!!"

Je palis. Rosit. palit.

"Tu... tu m'a appelée comment, là ?!"


Je figeai mes yeux dans les siens. Là elle m'avait vraiment énervée.

"Ta robe est fichue ? Oh mon diiieu. Ma pauvre. Et mon tee-shirt est pas mort, et j'ai pas du tout failli mourir noyée. Mais excuse-moi, tes problèmes, sont extrêmement importants, y'a trois gouttes d'eau sur ta robe !"


J'y étais peut-être allé un peu fort. Cette fille avait l'air d'une furie, la provoquer n'était pas très malin. Mais elle m'agaçait trop. Elle avait l'air insupportable, imbue d'elle-même... et en lus elle était belle. Je l'observai plus attentivement. Elle était jolie, bien plus que moi. De longs cheveux, un air froid et hautain, le teint pâle. Plus grande que moi, aussi, assez nettement. La seule peut-être dans mon physique qui était plus marquante étaient les yeux - gris acier. De toute façon, cette nana était une folle hystérique, jolie ou pas. Je lui lançai un dernier regard noir et essorai rapidement mes cheveux. J'étais bonne pour me changer...

J'écarquillai les yeux.

"Tu... quoi ?"

Moi, j'avais de la chance ? Je ne comprenais plus rien. Je cherchai ce qu'elle pourrait bien m'envier. Le physique ? Aucune chance. Le caractère ? Peut-être... c'est vrai que j'avais eu une vie heureuse, et que j'avais appris à tout prendre avec optimisme. J'étais assez heureuse, et encore plus récemment. Je souris bêtement en pesant à la nouvelle qui tournait et retournai dans ma tête depuis plusieurs semaines. *Ils ont trouvé.* Cette phrase qui prenait son sens chaque fois que je voyais mon frère. Oui, on pouvait même dire que j'étais vraiment heureuse, probablement plus que je ne l'avais jamais été.
Je secouai la tête. Penser à ça était stupide. Et de toute façon, elle n'avait rien à voir avec ça. Je ramenai mon attention sur la fille au dessus de moi. Je ne comprenais vraiment pas ce qu'elle racontait. Surtout que deux minutes avant elle était en train de m'insulter !

"Attends. T'es qui ? 'fin, j'veux dire... tu t'appelles comment ?"

Devise de la famille... Maman me le disait toujours, "contente toi de ce que tu es". A croire que toutes les mères disent ça à leurs enfants... Ce qui me troublait, c'était le "encore." Encore là, comme lorsqu'on parle des morts. Et cette phrase provoquait une drôle de réminiscence en moi. Je soupirai, alors que la fille se laissait tomber sur le sable, lâchant une tirade qui me statufia littéralement, ou presque. Rivier... Dania Rivier. C'était ce nom là, c'était sûr. Je le connaissais. Je me laissai tomber sur le sol à ses côtés.

"Enchantée, MArianne Tylerson. J'm'appele Marlène Lenoir."
 
Je me sentais confuse, perdue. Je décidai d'obéri, et de raconter.

"C'est parti pour ma tragique-mais-moins-que-la-tienne histoire familiale. Mes grands-parents paternels ont été solicités pendant la guerre. Par les méchants. Ils ont fuit en France, et leur fils y a grandi, bien qu'il soit né en Angleterre. Et d'un. Ma mère, Arianne Rivier, faisait des études pour devenir médicomage quand elle l'a rencontré. Elle avait trois ans de moins. Ils ont été heureux, tout ça tout ça, ils étaient très proches avec la soeur de ma mère, qui est morte peu après ma naissance. Je pris une grande inspiration avant de poursuivre, la gorge nouée : Elle s'appellait Dania."

Je regardai Marianne, qui regardait le ciel. Et je fis comme elle. Là haut, les nuages ressemblaient à de la barbe à papa. Le ciel était bleu, le soleil brillait, un avion passait. C'était plutôt joli. Je restai un moment avant de poursuivre :

"Ma mère a acouché. Des jumeaux. Adorables, ces gosses. Trois jours plus tard, elle sortait de l'hopital avec sa fille. J'agitai la main. Moi. Son fils, Merwin est resté à L'hopital. On a détecté une maladie magique rare. Quant il a grandi, ça a empiré, l'empêchant de faire du sport, puis d'aller à Poudlard. Ca fonctionne comme de l'asthme, en pire. Et quand il fait une grosse crise, ça abime ses poumons et diminue sa capacité respiratoire. Sympa, n'est-ce pas ?"

Je fis une pause, puis repris d'une voix douce :

"Ecoute, Marianne. Je sais pas trop ce qui se passe. Ma mère m'a rarement parlé de sa soeur. Dans la maison qu'on a en France, y'a une photo dans sa chambre, de deux filles avec un tee-shirt des Weird Sisters, mortes de rire. Y'en a qui me ressemble, et l'autre... c'est presque toi. Je comprends pas pourquoi on m'a pas dit... ça, et t'as pas l'air au courant non plus. Ce que je veux savoir c'est... on fait quoi ?"

Je soupirai.

"Je te dirais pas que je suis désolée, parce que je n'aime pas être prise en pitié, et je suppose que c'est pareil pour toi. Mais je trouve très triste que ta mère soit morte."

Je pensai à Merwin. Ce qu'elle m'avait dit m'était allé droit au coeur, parce que je savais qu'elle le pensait. Mais c'était à cause de tous ces "désolé" que je n'avais parlé de lui à personne. Et aujourd'hui, je ne savais plus quoi faire. Je sourit.


"Ton père a une manière carrément bizarre de faire son deuil, ça doit être dur. Et... Marianne ? si tes parents sont morts... où tu vis ?"


Elle ne m'avait pas parlé d'une quelquonque famille paternelle, et si elle n'avait aucun lien avec celle de sa mère... une idée naissait derrière ma tête, c'était le problème, j'étais à Serdaigle, et en tant que Serdaigle, je pensais et réfléchissais. Et ce queje pensais là, maintenant, ça ne me plaisait pas.