Devant la Ménagerie magique

En cette matinée ensoleillée de la mi-août, tout laissait croire que Stephen allait passer une excellente journée. Mais au moment de se lever, il su toute de suite que son chat Nestor en avait décidé autrement. C'était rare qu'il ait à s'occuper de lui en général, mais cette fois le cas était plutôt urgent. A en croire les miaulement aiguës qu'il poussait sans s'arrêter, Nestor souffrait. En maître responsable, Stephen avait enfermé son chat noir dans sa cage de transport et s'était rué dans la rue avec lui pour le conduire à la ménagerie magique du Chemin de Traverse. En a peine vingt minutes il avait parcouru la partie de Londres qui le séparait de cette grande allée de sorciers. Il faut dire que cet homme tenait vraiment à son animal de compagnie qui le faisait se sentir moins seul.
A peine arrivé dans le petit magasin rempli de bêtes au caractère magique, le trentenaire se rua au comptoir pour réclamer de l'aide en vitesse. Heureusement pour lui, peu de monde attendait déjà et c'est ainsi qu'un vendeur accepta de répondre à sa requête. N'étant pas beaucoup plus spécialiste que Stephen, le vendeur se contenta de lui vendre une petite fiole bleue qui contenait une potion capable de soulager le mal dont souffrait son animal.
D'après lui, il avait simplement des maux de ventre qui pouvait être dûs à un aliments trop piquant pour son estomac. En remerciant le vendeur, Stephen sorti du magasin, alors que son poux avait reprit une allure normal.
Soulagé, il se retrouva sur le Chemin de Traverse soudainement bien plus rempli de monde que dix minutes auparavant. C'est avec beaucoup de mal qu'il tenta de s'extirper de la foule, la cage à la main. Malgré tous ses efforts, il heurta de côté un jeune sorcier qu'il n'avait même pas remarqué.

Oh, excusez-moi jeune homme, je suis navré, je ne vous avais pas vu. Je fais de mon mieux mais avec cette cage...  

Par politesse, Stephen tapota l'épaule du garçon. Stehen pensa qu'il attendait peut être un parent déjà à l'intérieur de la ménagerie, ou bien passait-il son temps à observer les animaux par la vitrine.

Le brun haussa les sourcils à la réponse très apaisée du jeune. Il n'était pas si petit que ça, mais il avait quelque chose dans son physique qui le rendait assez discret et le faisait passer presque inaperçu aux yeux des gens, surtout des gens pressés. Le fait était que c'était bien l'homme brun qui devait s'excuser. C'est de son air désolé qu'il regardait ce jeune sorcier à qui il aurait donné pas plus de quinze ans à première vue. Cependant celui ci semblait déjà s'intéresser à autre chose : son animal. Stephen sourit d'amusement à la question du garçon.

En fait c'est un chat noir au poil court. Il est très gentil, c'est un bon compagnon.

Dans un mouvement mesuré, Stephen baissa la cage en relâchant son bras pour montrer avec fierté son chat au jeune sorcier. A travers la porte de sa cage il devait pouvoir apercevoir l'animal en train de dormir au fond.

C'est gentil. Il s'appelle Nestor, répondit Stephen avec un sourire.

Une vingtaine de minutes auparavant, Stephen ne se serait certainement pas attardé aussi longtemps devant une vitrine pour discuter avec un jeune sorcier de son chat, mais là, il était à nouveau de bonne humeur car visiblement, son animal avait reprit du poil de la bête. Certes, Nestor dormait, mais c'est ce que font les chats la plupart du temps. Aussitôt lui avait-il donné une réponse que le jeune homme le questionnait encore. Décidément il semblait très bavard.

Ah... Stephen hôcha la tête pour acquiescer le fait qu'il sortait à peine de la ménagerie magique, je possède un animal commun car je n'ai aucun permis, ni aucune compétence dans le domaine des créatures magiques. Et j'ai toujours aimé les chats...

L'homme haussa les épaules. Il se souvenait avoir obtenu de très mauvais résultats en BUSE de Soin aux Créatures Magiques, au point de s'y voir refuser cette BUSE. Il n'avait évidemment plus suivit ces cours les deux dernières années de ses études à Poudlard. Un chat est un bon compromis si l'on aime les bêtes mais qu'on ne sait pas vraiment s'en occuper. Depuis sept ans que Stephen abritait Nestor, celui-ci ne lui avait posé aucun problème.

Cette ménagerie vend également des chats, des chauves souris ou des rongeurs en tout genre, ajouta Stephen en montrant d'un signe de tête la boutique juste à côté de lui. Ce sont des animaux sans caractère magique... Et je ne suis pas très doué non plus pour le contact avec les Moldu alors au lieu d'emmener mon chat chez un végérinaire, dit-il sans être sûr de ce mot, je l'ai apporté à la jeune Maïna Wingerbert, pour qu'elle le soigne.

S'il avait voulu être totalement sincère, Stephen aurait tout simplement avoué qu'il n'était pas très doué pour les contacts humains en général. Inutile de le prouver, le fait même qu'il vive encore seul avec son chat à 37 ans maintenant faisait de lui un marginal, un chaud lapin, ou un un cas désespérer. Finalement il était un cas désespéré.

Stephen releva la cage de son chat qui commençait à peser lourd au bout de son bras. Il secoua ensuite quelque peu sa jambe gauche qui commençait à s'engourdir du fait de stagner au même endroit. Il hôcha vivement la tête pour affirmer ce qu'il venait de dire auparavant. Il pensait pouvoir repartir à présent et rentrer chez lui pour profiter de ses derniers jours de vacances avant la rentrée des classes qui le stressait de plus en plus. Mais le garçon ne semblait pas en avoir finit avec les questions. Lorsqu'il reprit la parole, l'homme haussa les sourcils et se racla la gorge. Voilà qu'il ne devait plus parler de son chat mais de lui maintenant. Etant quelqu'un de discret et de très modeste, il se sentit un peu mal-à-l'aise.

Eh bien oui... c'était il y a longtemps maintenant, répond-il pour faire comprendre qu'il ne voulait pas tellement s'étaler sur le sujet. Il observa le garçon un instant et reprit. Très bien, alors... en quelle année rentres-tu au mois de septembre ?

Stephen ne pouvait s'empêcher de se demander s'il allait devoir donner des cours à ce même garçon dès la rentrée. C'était bien possible en effet. Cette discussion le rendait de plus en plus angoissé, le 1er septembre étant sur le point d'arriver.

Stephen finit par poser la cage qu'il tenait dans sa main. Nestor devait bien peser trois kilos, voire plus et la fatigue que cela entrainait sur la jambe gauche de l'homme le faisait perdre patiente. Quant au garçon, il avait l'air toujours aussi enjoué qu'au début, c'est avec politesse qu'il l'écoutait et lui répondait.

Les BUSE, n'est-ce pas ? Je les redoutais aussi à ton âge... Cette cinquième année était bien la pire de toute ma scolarité, de toute ma vie même, s'emporta-t-il, le regard dans le vide.

Stephen se ressaisit en se raclant la gorge. Sa jambe artificielle était déjà là pour lui rappeler chaque jour cette année 2011, voilà qu'un inconnu le ramenait à son passé.

Excusez-moi, je suis juste euh... J'ai du travail qui m'attend et je ne vais pas pouvoir le faire attendre plus longtemps, ajouta-t-il en terminant par un sourire discret.

En concentrant ses forces dans son bras droit, Stephen saisit à nouveau la cage de son chat pour la soulever une dernier fois.

La formule polie et gentille qu'employa le garçon pour le saluer le fit sourire cette fois de manière plus sincère. Il lui adressa un signe de main et reprit la parole.

Effectivement, nous aurons sûrement d'autres entrevus mon cher. Eh bien, profitez bien de la fin de vos vacances. Et un conseil, l'an prochain, pour obtenir vos BUSE, il suffit d'être le plus attentif et le plus consciencieux possible. Ça ne vous empêche pas de vous amusez pendant vos temps libre.

Stephen termina ainsi en adressant une sorte de clin d'oeil à son interlocuteur. Il n'avait pas voulu en dire trop mais ils se reverraient certainement bien plus tôt que le garçon devait l'imaginer. A moins qu'il ne suive pas les cours d'Histoire de la Magie, Stephen serait un de ceux qui jugerait son travail dans une matière. Pour le moment, le futur professeur ne préférait pas trop y penser, sans compter qu'il avait du travail à faire : continuer son roman. Il espérait le terminer le plus vite possible. Cependant, tous ces préparatifs pour le journal et l'école lui prenaient pas mal de temps et en attendant, son roman piétinait.
Le pas pressé, Stephen s'embarqua alors dans la foule pour traverser l'allée et sortir de ce lieu magique pour regagner sa maison de ville à vingt minutes à pied.