Les Trois Balais

Dorea salua d'un geste distrait la Poufsouffle. Perdue dans ses pensées, et songea à Marianne. Au fond, sa tristesse l'avait touchée. Parfois, elle se sentait mal, quand elle voyait que les gens autour d'elle avaient de réels problèmes, alors qu'elle n'était qu'une fille normale, un peu banale même, sans histoire. Il lui semblait idiot de pleurer parce qu'elle n'avait pas vu ses parents depuis longtemps, alors que certains camarades ne pouvaient plus voir les leurs. Elle se sentait aussi très bête, petite brune au milieu de toutes ces filles tellement belles. Car Marianne était au minimum jolie, voir belle. Dorea n'avait jamais sut faire la différence. Elle avait souvent été le soutien plutôt que celle qui pleurait, mais elle avait aussi été celle qui mettait en valeur les autres plutôt que celle qu'on mettait en valeur. Quelqu'un qu'on ne remarquait pas vraiment, si ce n'est pour son physique étrange pour le pays. Les brunes mat ne courraient pas les rues, en Ecosse.
Elle secoua la tête et se reconcentra sur la conversation que lui tenait Lune.

-Je suis à Serdaigle, en cinquième année. Non, je suis ici depuis le début, mais c'est vrai que j'étais plutôt discrète, souvent dans ma salle commune. Et toi alors? Tu es comme Ria à Poufsouffle ? 

La jeune fille paraissait un peu plus jeune que Dorea, qui supposait qu'elle était peu être en quatrième année.

Dorea écouta la plus jeune se présenter. En troisième année finalement, et à Griffondor. Dorea pouvait conprendre que certains parents n'aient pas voulus laisser leurs enfants retourner à Poudlard, bien que ce ne soit pas son cas.

-En réalité, je n'ai pas pu rentrer chez moi cet été, donc mes parents ne pouvaient pas non plus me forcer à rester. Je ne l'ai ait pas revus depuis presque un an, donc bien avant les tristes événements qui ont eu lieu ici(?)

La bleue et bronze évita le regard sûrement interrogatif de sa camarade Griffondor. Celle-ci dû remarquer sa gêne car elle changea de sujet et proposa qu'elles rentrent ensembles. Dorea commença à se lever et à acquiescer, mais elle se cogna au poignet. La douleur lui fit voir des points noirs, et ne voulant pas montrer sa faiblesse elle dit : 

-Je dois encore acheter un cadeau pour l'anniversaire de mes cousins. Peut être une prochaine fois ? 

Sous la table, elle maintenait son bras plaqué contre sa main froide, dans l'espoir de rafraichir sa brûlure encore bien ressente. 

Dorea sentit aussitôt que la Gryffondor avait compris quelque chose. Elle aurait voulu la rassurer, lui dire qu'elle n'y était pour rien, mais déjà elle était partie. Rapidement, Dorea se leva, but le fond de Bieraubeurre qui restait dans le fond de son verre et se dirigea vers les toilettes. Rentrée dans une cabine, elle releva la manche et défit son bandage. Sa brûlure de la veille n'avait pas meilleure mine, voir pire encore. Finalement le bandage n'avait pas été une bonne idée. Elle le fit brûler à l'aide d'un "Incendio". Depuis que le nouveau règlement avait pris effet, elle s'amusait parfois à transgresser les règles, bien qu'elle s'arrangeait pour que personne ne soit au courant. Et se servir de sa nouvelle baguette lui faisait toujours autant de bien. On pouvait dire qu'elle n'avait pas retenu la leçon "Ne pas jouer avec le feu". Pourtant elle aurait pu, aidé par sa brûlure. Mais elle faisait parti de ses gens qui préferaient prendre des risques. Elle avait déjà une vie assez banale, elle n'allait tout de même pas se priver de la pimenter un petit peu. Elle déchira un bout de sin chemisier qui serait de toute façon recouvert par sa cape pour masquer sa plaie le temps de retourner à Poudlard.

Cédric était entré aux Trois Balais avec tout ce qu'il fallait pour écrire des lettres à ses amis, chose qu'il n'avait absolument pas faite l'année précédente. Ziska lui en voudrait beaucoup, c'était sur... Hans aussi, et Mathias...
Alors qu'il allait s'installer à une table seule, isolée et calme, il vit la petite tête blonde bien familière de Maryliss Brown. Elle était dans une position tout à fait hilarante, le front collé contre la table. Cédric sourit de toutes ses dents en s'approchant de la jeune Serpentard. Il ne portait pas de tenue réglementaire tout comme elle. Pourtant, elle restait toujours la même... Maryliss leva enfin la tête et rougit d'un seul coup. Cédric l'imita.

-Hum... Salut ! Quelle bonne surprise, Cédric.

Le jeune homme s'installa, retroussa les manches de sa chemise d'un bleu sombre et commença à rire.

- Maryliss ! Je suis impressionné ! Non seulement tu es contente de me voir mais tu m'as appelé par mon prénom ! Il faut absolument fêter ça !

Sans demander, il prit le verre de Bièraubeurre de la jeune fille et en but deux longues gorgées.

- Excuse moi mais j'avais horriblement soif...

Maryliss semblait choquée. C'était le but recherché, bien évidemment. Il sortit du parchemin et une plume puis jura.

- M*rde ! J'ai oublié mon encrier ! Tu me prêtes le tiens ?

Maryliss semblait embarrassait. Elle faisait tourner sa plume dans tout les sens, certainement à la recherche d'une idée de rédaction. Cédric allait entamer sa première lettre, que Maryliss tapa violement du talon contre le sol, exaspérée :

- Oh ! Doucement !
- Cédric ? Tu ferais quoi si tu avais été séparé de ton amoureuse par la force, qu'elle n'était pas dans la même maison que toi, et qu'elle avait interdiction formelle de te voir ?

Drôle de question... Un sourcil levé et fixant la jolie blonde, Cédric chercha à son tour une idée.

- Bah je demanderais certainement à un ami malin et de confiance de m'aider. Ca me semble logique...

Laissant Mary avec cette réponse il se remit à gratter la plume contre le papier. La Serpentard voulut jeter un œil. Dommage pour elle, tout était écrit en allemand... Cédric espérait intérieurement que la blondinette ne soit pas bilingue... Il détestait qu'on se mêle de ses affaires. Finalement, il leva le regard vers elle :

- Pourquoi donc ? Confie toi à ton cher Walster, je t'écoute, dit -il en souriant.

- Mon "cher Walster"... Pffff ! N'importe quoi !

Elle rit, imité par Cédric, avant de se lancer :

- Bah... Ma meilleure amie et son petit ami on été séparé à cause d'un grand frère en pleine crise de rage et c'est moi qui doit tout arranger. En... en trouvant une sorte de plan... Moi qui d'habitude travaille en solo, j'avoue que là j'aurais vraiment besoin d'aide...

A la suite de la description du problème, Maryliss enfila une veste en cuir.

*Ouah... Rockeuse, la Mary ?

A la suite, elle lui lança un regard suppliant.

*Ah... En fait non...*
- Tu veux de mon aide ?! Waouh ! Il faut arrêter la Bièraubeurre, Mary : tu n'arrête pas de dire des sottises ! Mais bon... Je vais profiter de ce moment pour t'offrir mon aide si tel est ton désir !

Il rit. Peut être en avait - il trop fait...

- Je pense que tu devrais te mettre le grand frère dans la poche... le manipuler. Si tu parviens à faire ça, je pense que tu aurais tout gagné ! Par contre, il faudrait trouver un moyen...

Cédric réfléchit un court instant, puis proposa avec un petit sourire.

- Tu pourrais peut être le séduire... L'attendrir... Je t'assure que tu n'aurais aucun mal à le faire, crois moi.

*Mais Céd' ! Tu es absolument incapable de fermer ta grande g*eule !*

- C'est une excellente idée Walster ! Vraiment ! Pour la simple et bonne raison que j'y ai déjà pensé ! Maintenant, tu peux te garder tes petits commentaires !

Maryliss s'était bel et bien énervée, comme l'avait prédit Cédric. Elle fronça les sourcils, apparemment vexée. Lui, ne bougea pas malgré la colère de la belle Serpentard. Il se contenta de la fixer d'un regard dépourvu d'émotions. Au bout d'un moment, elle reprit une figure normale et soupira.

- Bon... Quand on y pense c'est une idée qui pourrait se mettre en place... Mais ça me dégoute de devoir rouler de fesses devant le grand frère de ma meilleure amie !
- C'est vrai que vu comme ça, ce n'est pas génial. Mais pense que tu le fais pour ta beste Freundin... euh... meilleure amie...
*Raah ! Et puis je recommence à parler allemand maintenant !*

Ils se fixèrent un moment. Cédric sourit devant sa petite erreur.

- Excuse moi, c'est l'allemand qui revient... Bon... Quoi que tu choisisses, je suis sur que tu vas assurer. Crois en ton cher Walster ! Ta - petit sourire - meilleure amie compte sur toi. Si j'étais toi, je ne la décevrais pas ! Je peux t'assurer que perdre des amis proches c'est... horrible.

Je m’attablai en face d'Anton, songeant à sa phrase précédente. passer pour des voleurs... c'était formulé bizarrement. Décidant de ne pas m'en faire avec ça, j'ouvris la carte et constatai avec ravissement qu'ils avaient des nouvelles boissons. C'est vrai qu'il faisait un peu chaud pour une bieraubeurre, du moins à mon avis.


"Je pense que je vais prendre un smoothie aux Crazy Berry. Et toi ?"

Une fois qu'il eu choisi, nous passâmes la commande. Le silence régna un petit moment.

"Anton ? Tu sais, l'autre jour, quand je suis arrivée, t'étais avec Dorea, non ? Je me demandais depuis quand tu la connaissais."


J'avais souvent le chic pour trouver des sujets de conversation bizarre, mais cette fois, j'avais essayé de trouver un terrain neutre, ou à peu près.

J'enlevais mes Ray-Bans et les accrochais dans le col de ma chemise une fois à l'intérieur du bar. Alors que Marlène choisissait sa boisson, je repensais à l'année d'avant en voyant les noms affichés sur la carte. Surtout le soda à la branchiflore, mentionné dans le cours de botanique. Encore un petit flash back. D'une époque pourtant révolue que je n'enviais nullement, celle de Thanaël l'élève discret. Je soupirais pour chasser ces souvenirs de mon esprit. Ils revenaient de temps à autre lorsque j'allais dans un endroit familier comme ici. Plus j'y pensais, et moins j'avais envie de revenir à cette vie d'avant. La liberté que j'avais éprouvé, les nouveaux élèves que j'avais rencontrés... Tout ceci faisait que je j'aimais ce nouveau moi et ce qui lui arrivait. Mais j'aurais également aimé pouvoir arrêter de mentir à mes amis. Pouvoir leur dire que tout n'était pas vrai. Et j'en étais pourtant incapable. C'eut été trop dangereux pour eux. Je connaissais déjà les risques et étais prêt à les affronter, mais eux le seraient-ils ? Et dans tout les cas je ne voulais pas les entrainer dans un conflit qui ne les concernaient pas. Je secouais la tête pour changer mes idées et commandais une Bièreaubeurre, un peu pris au dépourvu et ne prenant pas de risques avec un classique que l'on ne présentait plus. Après un petit silence, Marlène prenait la parole pour me poser une autre question:

- Anton ? Tu sais, l'autre jour, quand je suis arrivée, t'étais avec Dorea, non ? Je me demandais depuis quand tu la connaissais.


- Eh bien je la connaissais depuis... environ dix minutes. Elle était perchée dans l'arbre au dessus de moi quand je m'y suis posé en rentrant du terrain de vol, alors on a un peu discutés. Je l'avais bien déjà vu avant, mais on avait jamais vraiment parlés... Et toi alors ? Tu as connue Kalis en faisant quelle connerie ?

Je souriais en répondant, sachant très bien que si c'était le cas, ils avaient dû la faire ensemble. Car connaissant Kalis, le voir arrêter une élève dans sa bêtise sans lui proposer de l'aide, ce n'aurait pas été lui...

"Eh bien je la connaissais depuis... environ dix minutes. Elle était perchée dans l'arbre au dessus de moi quand je m'y suis posé en rentrant du terrain de vol, alors on a un peu discutés. Je l'avais bien déjà vu avant, mais on avait jamais vraiment parlés... Et toi alors ? Tu as connue Kalis en faisant quelle connerie ?"

Je ris franchement.

"J'étais dans la forêt... sans le faire exprès. En fait, précisais-je, j'ai suivi une amie pour l'empêcher d'y entrer - enfin, essayer de l'empêcher. Et on s'est perdues, et on a croisé Kalis, entre autres bestioles."

Classer le préfet dans les bestioles n'était pas très gentil mais m'amusait. Et on ne pouvait nier que ce gars était un peu sauvage. Les boissons étaient arrivées, et je tournais ma paille dans mon smoothie, un peu distraitement. Je repensais à la lettre, qui devait être posée sur mon lit, dans le dortoir. Je pensais à la nouvelle qu'elle renfermait, et que je ne connaissais pas encore. Tout en me trouvant stupide d'y penser. J'en revennais toujours à ça ces jours-ci. A cette lettre, et à ce qu'elle renfermait.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire après ce que Marlène venait de dire. Comparer Kalis à une bestiole de la forêt interdite... Il fallait oser. Mais d'un autre coté je devais bien avouer que ce n'était pas entièrement faux. Il y passait de longues heures, et son caractère n'arrangeait pas les choses.

- Être dans la forêt sans le faire exprès... C'est possible ça ? Dans le lac je veux bien, mais la forêt.. Enfin, au moins cette bestiole ne vous a pas bouffées. Parce que bon, tu le connais maintenant. Kalis... est Kalis.... Mais sous ses airs de grand méchant loup c'est juste un petit chiot un peu sauvage qui a besoin d'amour. Ne lui répète surtout pas ça. Ou alors il va me découper en morceaux. Vraiment.


Puis je remarquais l'air absent de la jeune Serdaigle.

- Euuh... Marlène ? Tu me reçoit ? Ça va ? On dirait que quelque chose t'inquiète...

J'éclatai de rire en entendant comment Anton parlait du préfet... un chiot en manque d'amour. Le Serpentard, en face de moi, as'inquiètait, ayant sans doute remarqué mon air soucieux.

"Oui oui, ça va. Je pensais à autre chose. Et oui, quelque chose qui m'inquiète. Mais rien que je ne puisse oublier quelques temps." fis-je en souriant.

Je le regardai, espérant qu'il ne s'attarde pas sur ce sujet. Je n'avais jamais parlé de Lui à personne. Si Anton me connaissait depuis de temps, comment réagirait Dorea, qui me cotoyait depuis si longtemps, lorsqu'elle saurait que je lui avais menti sur un sujet aussi important ? Pas mentit, me repris-je, j'ai juste omis d'en parler. J'expirai bruyement et me reconnectai à la réalité, détournant les yeux sur mon verre alors que, perdue dans mes pensées, j'avais fixé le visage du garçon bien trop longtemps.

"Bon, ce n'est pas que ça m'ennuie de parler du loupiot, mais toi ? Qu'es-tu exactement ? Pas un chiot en manque d'amour, j'espère. Je n'ai certainement pas l'intention de te gratter derrière les oreilles !"

J'avais repris un ton badin, oubliant définitivement mon inquiétude. Au moins pour quelque temps.

Je plissais les yeux en entendant Marlène. Elle semblait cacher quelque chose... Mais plutôt que de me jurer de découvrir de quoi il en retournait, je préférais oublier. J'avais eu ma dose de secrets avec le braquage et les suites de ce derniers, alors je ne voulais plus tenter de découvrir les secrets des autres. J'en avait été vacciné. Pour longtemps. Je me concentrais plutôt sur ce que me disais la Serdaigle :

- Eh bien je ne sais pas... Grattouilles moi la tête pour voir si je réagis ! Non sérieusement... Si Kalis est comme ses loups moi je suis un renard... Ou plus un corbeau... Tu l'as peut-être déjà vu ? Le miens je veux dire. Un Corvus Corax. Assez sociable, surtout si tu as de la nourriture; diablement intelligent et particulièrement attaché à moi. Je pense même qu'on a du lui appliquer un sort. Il se comporte comme ma chouette , mais en plus malicieux... Ne te fies jamais à lui ! Enfin sauf si il vient te chercher pour me sauver la vie bien entendu... Ah oui et aussi, il aime tout ce qui brille, alors fis attention avec tes bijoux...

J'hésitai un instant à le prendre au pied de la lettre, avant de renoncer. Même si j'aurais payé cher pour savoir quelle tête il aurait fait si je l'avais pris au mot et lui avait gratté la tête. Je songeai à Anton en corbeau et y parvint sans mal. "Oiseau de malheur", d'après les mordus. Mais je n'étais pas superstitieuse. Il me parla du sien et j'écarquillai les yeux.

"T'a un corbeau ?! Wow. C'est classe. Moi, tout ce que j'ai, c'est un boursoufflet que j'ai acheté chez Zonko. Je ris. C'est quand même moins classe. Et je ne pense pas l'avoir déjà vu, non..."


Je songeai que vu le peu de bijoux que je portais, je ne risquais pas d'avoir de problèmes. Sauf s'il tentait de me bouffer l'oreille. Je me demandais si les corbeaux étaient attirés par les piercings quand je réalisai que j'étais en train de me perdre - une fois de plus - dans des réflexions sans intérêt. Une question de taraudait depuis qu'Anton s'était tu.

"Et moi ?"

Je m'interrompis pour finir mon verre, avant de poursuivre :

"A ton avis, je suis quoi comme animal ?"

- Ce que tu es comme... Euuuh... Je ne sais pas... je ne te connais pas à fond alors je ne peux pas vraiment juger de manière complète, mais je dirais que tu es... Hmm... Une belette. Petit carnassier, au pelage blond ou brun, très vif et intelligent, curieux et tout mimi, même si sa morsure est tout sauf agréable...



Un boursoufflet... Oui c'est bien. Très bien même. Pour une petite fille...  J'explosais de rire. Non mais au moins, il sera toujours mignon et affectueux avec toi et ne t'attirera jamais de problèmes. Pas comme un certain volatile de ma connaissance... Tu ne l'as jamais vu ? Tant mieux pour toi. Vraiment. Il aurait tenté de te voler tes boucles, ou alors il t'aurais balancé une pomme de pin sur la tête, ou alors il se serrait tiré avec des parchemins... Ou alors il aurait rien fait, se serait posé devant toi et aurait demandé à manger. A part ça il est gentil. Et très utile comme coursier quand ma chouette est déjà en mission ou indisponible.


Je me taisais et buvais quelques gorgées de ma bièraubeurre. Je me sentais soudain obligé d'ajouter une précision à ce que je venais de dire :

- Si jamais ça arrive ! Je veux dire, que tu le rencontre mon corbeau. Ou qu'il te tombe dessus peu importe. Sache qu'il mange de tout ! C'est omnivore ces bestioles, donc il dévorera tout ce que tu lui donnera, allant du miam-hibou à la charogne de trois jours. Je ne veux pas savoir si tu as l'un ou l'autre dans tes poches...

Je ris.

"Je suppose que belette c'est toujours mieux que putois... bizarrement, j'crois que j'aurais dit moineau. Petit, mange deux fois son poids par jour environ... mais décidément, belette marche aussi."


Anton se moqua de moi et je lui filai un grand coup de coude.

"Chuis pas une petite fille ! Dans un an j'suis majeure, j'te signale ! Il riait aux éclats, et je repris, un ton plus bas : Sale gosse..."

Je l'écoutai parler de son étrange animal, amusée. Manifestement, il y était attaché, ce qui me fit sourire. Il semblait que les Serpentard appréciaient les animaux hors du commun.
Après sa dernière phrase, je pris un air innocent, plantant mes yeux dans les siens. Mon père disait toujours que j'avais l'air d'un bébé phoque en détresse quand je faisais ça. Il se moquait souvent... et craquait toujours.

"Pourquoi ? T'aime pas les vielles charognes ?" fis-je d'une voix naïve.

La réplique de Marlène faillit me faire recracher ma gorgée. Cette fille était décidément pas nette du tout, voire même presque tarée. Mais décidément sympathique :

-Si j'aime les... Non mais t'es malade ou quoi ? Et pourquoi pas les bébés morts écrasés pendant que tu y est ?! Non mon truc c'est plutôt le braquage de banque tu vois. Avec des armes, tu sang et des pleurs...
J'en ai pas peur si c'est ce que tu veux dire. J'en ai déjà vu bien assez. Mais... Enfin avoue quand même que c'est pas très plaisant à avoir comme compagnie quoi... Et si en plus il y a les mouches, alors là merci bien.. Oui t'es aussi un moineau ! Un petit moineau tout bleu. Et presque majeur. Mais encore très petit...



Je faisais face à la tête de la Serdaigle. Une tête... Étrange. Et en même temps attendrissante. Avec un quelque chose que je n'aurais sus expliquer. Je la regardais en essayer de comprendre :



-Euuuh... Marlène ? Pourquoi tu fais cette tête ? Tu veux une bièreaubeurre ? Ou un autre truc ? Il n'y avait pas besoin de faire une tête pareille...


Je plongeais mon regard dans le siens, comme pour deviner ses intentions et la raison de cette nouvelle expression.

J'explosai de rire devant la tête d'Anton. J'étais seccouée de hoquets de rire incoercibles. Sa réplique augmenta mon hilarité et je mis un certain temps à me calmer. Quand j'y parvint, j'essuyai une larme de rire et lâchai :


"Des braquages de banque... nan mais qu'est-ce qui faut pas entendre ! Puis, avec une moue mi-boudeuse mi-gamine : Tu dois être fan de ma taille, pour t'en moquer autant..."

Anton me regarda avec attention. J'avais repris, histoire de rire un peu, ma bouille précédente. En fait, l'idée de le faire culpabiliser (ou au moins d'essayer) m'amusait beaucoup.

"Euuuh... Marlène ? Pourquoi tu fais cette tête ? Tu veux une bièreaubeurre ? Ou un autre truc ? Il n'y avait pas besoin de faire une tête pareille...

- J't'ai bien eu ! répliquais-je en lui tirant la langue. Puis, j'ajoutai, angélique : Tu veux vraiment bien m'prendre une bièraubeurre ?"