Le saule cogneur

La jeune femme hocha doucement la tête avec un sourire et éternua, probablement déjà atteinte par le froid ambiant. Elle frissonna et se pelotonna dans son écharpe avant de se lever du banc. Elle regarda un instant la jeune fille qui disait s'appeler Doréa, pensant que c'était un bien joli prénom et elle attendit qu'elles soient toutes deux prêtes à partir.

Au vu de l'horrible temps qu'elles avaient, Keira se demandait à quel point Doréa et elle pouvait bien être folle pou avoir voulu sortir. Il pleuvait et l'orage avait décidé de se joindre à la petite fête également. La Poufsouffle éternua de nouveau et sortit un mouchoir, s'excusant rapidement auprès de la Serdaigle. Elle se retourna pour ne pas se moucher face à elle et faire son impolie.

- "Je... je... m'app... pelle Keira ! Keira G... Green !"

Elle lui offrit un grand sourire et sursauta en entendant le bruit du tonnerre. Grimaçant, elle proposa à Doréa de rentrer rapidement s'abriter.

Dorea se leva de son banc et s'emmitoufla un peu plus dans sa grande cape. Il faisait très sombre, les nuages noirs masquant le soleil, et de temps à autres un éclair blanc venait rompre cet état de fait, illuminant le parc pour un bref instant, avant de laisser place au roulement du tonnerre. Le Saule Cogneur se découpait dans l'horizon et les lumières brèves accentuaient encore l'impression lugubre de danger imminent que la Serdaigle ressentait depuis Septembre en le regardant.

-Allez, vient, ne traînons pas là ! 

La jeune fille commença à marcher, avec le sentiment de lutter contre la pluie battante. Elle espéra quelques secondes que le temps changerait avant que la saison de quidditch ne commence, le premier match commençant dans le courant du mois de janvier.


-Tu dois me trouver folle d'être sortie par ce temps...

Sûrement que Keira ressentait comme elle l'impression d'un miracle en appercevant les portes du château.

Hrp:

La jeune femme avait donné rendez-vous à Ron à 16h près du Saule Cogneur. Il lui avait fallu un moment pour trouver un endroit que peu de gens fréquentaient et finalement, l'option du vieil arbre ronchon et dangereux lui était venue d'un coup sans qu'elle sache pourquoi. Elle s'était installée sur le banc et attendait donc patiemment que son ami la rejoigne pour pouvoir lui parler. Elle serrait contre elle une petite lettre et une photographie, elle savait qu'il comprendrait, il avait toujours compris.

Ils étaient devenus amis au cours de l'année, bien que cela ait prit du temps, et s'étaient vu plusieurs fois pendant l'été. La rouquine lui faisait confiance et voyait en lui un ami fidèle bien que sa mère ait émit l'idée qu'il y avait peut-être plus que cela entre les deux "enfants" comme elle disait. Elle avait présenté Ron à Andrej, l'ayant mis en garde qu'il était moldu et ne savait rien de la magie, qu'elle n'avait pas eu le droit de le lui dire. Elle ne savait pas exactement ce que Ron pensait d'Andrej, mais l'année précédente, quand le moldu l'avait quittée, elle en avait parlé à Ron et lui avait montré la lettre où il parlait de l'autre fille.

Elle soupira et ferma les yeux, ramassant ses jambes sous elle et se servant du dos du banc pour y poser son coude. Elle avait hâte que son ami arrive et la conseille sur ce qu'elle devrait faire, elle avait hâte aussi de pouvoir sortir du château pour aller se promener dans Pré-au-lard. Elle demanderait probablement à Ron de l'accompagner à ce moment-là, parce qu'elle aimait la compagnie silencieuse du joli garçon et ce malgré les regards des filles vers lui. Elle était habituée et ne s'en souciait plus, elle savait aussi s'effacer sous un prétexte quelconque quand elle le voyait intéressé par une demoiselle. Oui, Ron Lynch et elle avait une relation amicale un peu particulière, mais la jeune femme s'en satisfaisait parfaitement.

Que dire que dire... si ce n'est qu'il y a de longues semaines, si ce n'est plus, que le jeune homme ne s'est pas aventuré en ces lieux. Pas qu'il se soit transformé en rat de bibliothèque ou autre sous-espèce peu engageante, non non, mais de récentes découvertes lui ont donnés de nouvelles perspectives d'avenir... Ou plutôt, la réalisation que tous les sorciers ne sont pas forcément des abrutis imbus de leur magie au point d'en oublier les avancements des moldus.

Cette découverte, c'est à la famille de Keira qu'il la doit. Au premier abord, son invitation à venir la voir dans le courant de l'été le laissait un peu perplexe, et il faut le dire assez anxieux. La jeune fille avait-elle finit par se rabaisser au rang d'oie et espérait-elle plus ? Et lui, comment répondrait il ? Finalement, ce fut surtout la perspective de se rendre à Londres, et de pouvoir en profiter pour visiter ses nombreux musées, qui le décida.

Grand bien lui en prit. Voir de ses propres yeux un tel mode de vie lui fit reconsidérer certains de ses choix, et peut-être un peu changer sa vision de la jeune fille... Même si cela ne dura pas vraiment, et ce grâce à ce très cher Andrej. Décidément, les femmes... Mais passons. Malgré cela, Ron apprécie toujours la compagnie de la rouquine, et c'est avec à peine 10 min de retard qu'il arrive au rendez-vous.

-"Tu voulais me voir ?"

La jeune femme releva le nez, sortant de ses pensées brumeuses pour voir son ami enfin arrivé. Elle regarda l'heure et ne fut pas surprise qu'il soit en retard, il l'était toujours et elle s'y était habituée. Elle soupira et lui offrit un sourire chaleureux avant de se lever pour poser un baiser sur sa joue et le saluer. Elle lui donna la première lettre, celle d'Andrej qui la dégoûtait une fois de plus, qui lui annonçait que l'internat c'était vraiment pas fait pour eux, même s'il l'aimait de tout son cœur. Elle aurait pu pleurer, mais cela faisait longtemps que c'était fini pour elle, ça s'était fini le jour où elle avait su qu'il avait une deuxième petite amie pour les jours (trop nombreux) où elle n'était pas là.

Elle le laissa lire les excuses d'Andrej et finit par reprendre la lettre pour sortir de sa poche une petite boîte emballée d'un beau papier brun foncé ou deux ruban or et bleu se mêlaient pour former une jolie cocarde. Elle était toute excitée à l'idée qu'il découvre ce petit présent de rien du tout que ses parents avaient voulu lui offrir.

- "Mes p... parents t'ont beaucoup apprécié et pour ta gent...tillesse, ils voulaient t'offrir q...quelque chose !"

Elle lui donna la lettre qui était arrivée avec le paquet où ses parents lui demandaient de bien vouloir transmettre ce présent à Ron et lui souhaiter une excellente rentrée. Quand il déballerait, il trouverait surement le même mp3 que celui qu'elle avait reçu à sa rentrée. Il ne fonctionnerait peut-être même pas à l'école, mais ses parents avaient insisté et uploader une cinquantaine de chanson triées sur le volet. Des grands classiques du rock que Ron devrait appréciés selon eux.

Elle regarda le saule cogneur, profitant d'un moment de calme pour ensuite soupirer de soulagement.

- "J... Je crois que je vais p... peut-être me mettre à voler sur balai."

Elle avait toujours eu une peur bleue des balais magiques et n'avait jamais plus enfourcher de balai après sa première année. Elle se demandait si c'était comme la bicyclette et que ça ne s'oubliait pas où si elle devrait demander de l'aide à quelqu'un pour essayer de nouveau de voler.

Il pleuvinait depuis ce matin, mais la préfète avait eu de la chance : il y avait eu une éclaircie pile pendant son heure de libre entre deux cours. La jeune femme s'était précipitée à l'extérieur du château avec son sac de cours. Elle s'avait déjà où elle voulait se rendre pour se détendre. Le saule cogneur. 

Arrivée au près de l'arbre, elle instaura un périmètre de sécurité pour ne pas subir les violences du colosse. La poufsouffle s'installa sur l'herbe bien verte et ouvrit son sac. Elle fouilla quelques instants et trouva son carnet vert de dessin et ses crayons de couleurs. Fixant le gros arbre, elle se rappela de son histoire, racontée par son oncle.
 
Le saule était plutôt dangereux. Les élèves recevaient, au début de l'année, plusieurs indications telle que ne pas approcher de près cet arbre. Jadis, il y avait un passage qui menait à ma cabane hurlante. L'entrée était toujours là mais elle était bouchée plus loin dans le souterrain. 

Cet arbre était sûrement là depuis la fondation de Poudlard, mais la jaune et noire n'en était pas sûre et certaine. La jeune femme commença à imaginer tous les événements que ce saule avait dû voir depuis qu'il était là. Voir les élèves grandir, évoluer, quitter le château, accueillir de nouveaux élèves. Il avait aussi assister à des événements plus importants, comme les guerres. Ce colosse avait été un témoin. Et ce n'était pas encore fini. De nouveaux événements allaient arriver. 

Winonna baissa les yeux pour regarder le carnet posé sur ses genoux. Elle prit le crayon noir dans sa boite et entama son dessin.