La Table des Professeurs

De là où elle était, Hélèna avait une vue sur la table des Poufsouffles, son ancienne maison, mais aussi sur la répartition et le discours du directeur. Ayant passé ses vacances entre Poudlard et le monde moldu, elle avait été assez vite au courant de tout les sombres événements, et cela l'attristait toujours autant. Elle ne parlait pas, ce soir. pour elle l'ambiance n'était pas à la fête. d'ailleurs, chez les élèves aussi, la repas semblait moins convivial que d'autres fois. Tout le monde était en deuil. la maison Poufsouffle avait perdu un de ces membres, et beaucoup semblaient touchés. Étant arrivée en fin d'année sur son poste, la jeune botaniste ne connaissait pas bien ses élèves, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir concernée.
Hélèna soupira, puis attacha ses cheveux afin qu'ils ne trempent pas dans sa nourriture. Elle jouait plus avec qu'elle ne la mangeait, manque d'appétit. Pour autant, elle ne laissait rien paraître sur son visage, autant que possible.  les élèves n'avaient pas besoin de savoir que les professeurs aussi doutaient. 
Pourtant elle doutait, de tout, de rien, de la vie et de la mort. Elle avait l'impression d'avoir à nouveau dix ans de moins, à l'époque où elle était perturbée par toutes les questions de l'adolescence. Sauf qu'elle n'était plus une adolescente, e que les questions étaient un pue plus poussées et approfondies. Les malheurs de l'âge adulte, sans doute. Hélèna était encore une jeune adulte, tout juste plus qu'un adolescente, et elle n'osait pas imaginer les difficultés et la lassitude qui devaien tpeser sur les plus vieux.

J'écoutais, silencieuse, le directeur plomber l'ambiance. C'était un mal nécessaire, c'était un fait. Je n'étais pas au courant de tous ces événements, mais j'en connaissais une partie. Me l'entendre rappeler pesa évidement sur mon esprit, mais je tentais à tout pris de chasser ces préoccupations. Je devais réfléchir. Pour l'instant, les élèves étaient en sécurité à Poudlard, et il fallait à tout pris que ça continue. Je réalisai une fois de plus à que point je tenais à ce lieu. Poudlard n'avais connu qu'une seule fois la mort et la destruction, et je ferai tout pour que ça n'ai plus jamais lieu. Cette résolution prise, je déconnectai tout à fait mes pensées de ce qui se passait devant moi. A mes côtés se trouvait Héléna, et sa réaction au discours m'interessait.

"Alors, que pense tu de ce magnifique discours ?" Je chuchotais afin de ne pas perturber la cérémonie.

L'exentrique professeur de divination assise sur la droite d'Hélèna semblait vouloir engager le dialogue. Que pensait-elle du discours ?  Vaste question, auquelle l'ancienne Poufsouffle préféra répondre après avoir prit une bouchée de Hachis Parmentier, ravie que pour une fois celui-ci soit au canard et non au poulet. C'était un des plats qu'elle préférait par dessus tout et s'en servait généreusement à chaques grandes occasions. Le repas de rentrée en était vraisemblablement une, du point de vue d'Hélèna, même si celui-ci était marqué par une annonce des plus macabres.



-Ceelia, je peux vous appeler Ceelia ? Je trouve que l'annonce était peut-être un peu maladroite mais le message est important. Il faut rester unis, et il est sous-entendu qu'il faut rester unis face à une menace. C'était important, peut-être mal avisé un jour de rentrée au milieu des premières années qui vont penser atterir dans un monde violent. En même temps cacher la vérité serait inutile. 

Hélena soupira en apercevant un des nouveaux Poufsouffle assis précisément là où elle avait posé ses fesses après sa répartition. Le temps avait coulé, elle n'était plus là comme élève et les chamailleries enfantines étaient loins derrière elle, ou du moins elle le souhaitait.

J'écoutai, attentive, la réponse de ma jeune collègue.

"Hé bien... une réponse sage, qui résume à peu près ce que je pense, même si je ne l'aurais peut-être pas formulé comme ça. Je suis ravie que tu viennes enseigner ici, Héléna. Tu peux me passer le poivre ?"

Changeant de sujet avec un naturel parfait, je me servis du hachis, l'imitant, et me mis à manger avec apétit. C'était délicieux. Entre deux bouchées, je me penchai en avant, saluant William dont j'avais entendu la voix un peu plus tôt.

"Heeey ! Bonjour ! Ca a été, ces vacances ?"

Je l'avais dit sur un ton parfaitement neutre, assorti d'un clin d'oeil. Rien d'extraordinaire mais je savais qu'il comprendrait de quoi je parlais, et rien ne me faisait plus plaisir que de le taquiner. Je fis un signe de tête gentil vers la femme assise près de lui. Inconnue au bataillon. La nouvelle prof d'Astronomie, probablement.

[Un mardi matin, au Petit-Déjeuner]

J'étais assez mal réveillée. En me levant, j'avais hésité un moment à aller dans la Grande Salle en pyjama. Finalement, j'avais attrapé un jean, Un tee-shirt noir et un long pull ample au pif, que j'enfilai tout en me coiffant. Je mis mes chaussures, me levai et attrapai ma cape tout en tirant sur la brosse en plastique bleu clair coincée dans mes cheveux. Je grimaçai, la jetai sur une table basse avant de partir dans le froid des couloirs pour aller petit déjeuner. En entrant dans la pièce plus chaleureuse, je retirai ma cape et allai m'asseoir à la table des professeurs. L'esprit encore un peu embrumé, je me préparai un thé à la rose. Je me tournai vers la personne assise à mes côtés, et, prenant conscience de qui était mon voisin, je souris.


"Salut William, bien dormi ? Dis moi, ça t'ennuirais de me passer le miel ?"

"Une fois de plus ? T'es insomniaque ?"


Ca m'arrivait régulièrement, mais dans le cas de William, je me demandais si cela n'avait pas un lien avec sa relation avec Alice. Certes, il le supportait à peu près, mais... la nuit, on a du temps pour penser, ou plutôt pour se torturer l'esprit... je connaissais ça aussi. Même si ça faisait plusieurs années maintenant que cela ne m'était plus arrivé. Je saisis le pot et me servis généreusement. comparées à celles de William, mes mains étaient minuscules. J'avais toujours eu des petites mains, bien que les doigts étaient fins, comme des mains de musicienne. Ses ongles étaient actuellement dénudés de tout vernis.
Je ne les portais pas très longs, et quand j'étais enfant, ils étaient toujours cassés. Je repoussai fermement la pensée de mon père limant une fois de plus mes ongles pétés en soupirant. Je ne savais pas pourquoi, mais je pensais souvent à eux, ces temps-ci... peu importe.

"Oui, à dix heures... tu dois avoir des horaires de dingue, avec toutes ces matières à gérer !"

"Non je ne suis pas insomniaque... juste il faut que je sorte, que je trouve quelque chose à faire pour me vider un peu la tête.
- Je comprends." répondis-je simplement.

Je ne développai pas, presque certaine que lui aussi comprenait. Je me contentai me mettre un peu de miel dans ma tasse, avant d'y ajouter un peu de lait. Le thé à la rose était la seule boisson que je buvais aussi sucrée, si on omettait certains jus de fruit. Je soulevai ma tasse et souflai sur la boisson chaude avant d'en boire une gorgée. Le vif d'or dont était orné la tasse remuait comme un hyperactif, c'était assez marrant à voir. Il fuyait mes mains, évidement, mais il avait beau être rapide, il n'était qu'un dessin sur la surface d'une tasse, ce qui lui laissait un champ de fuite assez limité. J'avais un certain nombre de tasses magiques, dont certaines ridicules et atrocement kitsch que je n'utilisais pratiquement jamais. William répondit à ma question, me sortant de ma contemplation.

"Vraiment ? Je souris. Besoin de compagnie ? J'ai pas grand chose à faire ces temps-ci..."

Je me retins d'éclater de rire en voyant la bouille de William. C'était presque mignon de le voir aussi mal à l'aise. Je le regardais avec amusement, le laissant s'embrouiller. Je continuai à le détailler, pensive, jusqu'à ce que je réalise que c'était un peu étrange et détourne le regard. Je ne pus toutefois me retenir bien longtemps de le taquiner :

"J'espère bien, que c'est en tout bien tout honneur. Je souris malicieusement et poursuivis : J'aime bien le thé, mais ce salon... trop de rose tue le rose, grimaçais-je. Aux Trois Balais, ça me va. Si tu veux, bien sûr."


Je souris à William, buvant une gorgée de thé. Encore une fois, je pris conscience que le regardais un peu trop longtemps. J'étais un peu fatiguée, ce matin... je trempai ma tartine dans le thé encore chaud et croquai dedans avec appétit, reportant mon attention sur mon repas plutôt que sur mon collègue, attendant tout de même sa réponse.

"Excellente idée, j'y serais !"


Je hochai la tête, réfléchissant aux objets qui pourraient me servir de portoloin. Je comptais bien passer la soirée avec William, et c'était en plus une occasion de sortir de Poudlard et de ses environs. Nous continuâmes à manger en silence un moment, puis mon collègue se leva, me faisant gentiment la bise avant de partir. Ca faisait plusieurs fois que cela arrivait et ça me troublait toujours. Je n'y étais pas encore habituée, manifestement. J'affichai un sourire en coin en le regardant partir, avant de terminer ma tartine, de boire mon thé maintenant tiède et de lever à mon tour. Je n'étais pas pressée, mais j'aimais prendre mon temps pour me préparer avant mon cours.

 
S’il y a quelque chose qui me paraissait étrange depuis mon arrivée à Poudlard, c’est bien le moment du repas. Dans cette grande salle où j’avais pris des centaines de fois mes repas, c’était un drôle de sentiment de me dire que maintenant, à table, je passais du côté professeurs. Si quelqu’un m’avait dit cela quelques années plus tôt, je lui aurai ri au nez, tellement c’est une situation incongrue pour moi. Qui aurait pu dire qu’Ivelin Akhar, le meilleur briseur de maléfices de Gringott’s que j’étais allait devenir professeur d’Arithmancie à Poudlard ? Je comptais bien être le meilleur professeur d’Arithmancie que l’école aie jamais connu. Et pourquoi pas un jour Directeur de Poudlard, pendant que j’y étais. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, on était encore en week-end, ce qui signifiait que j’allais pouvoir traînasser toute la journée. Et toute bonne après-midi commençait par un bon repas !
 

Affamée, je me dirigeai vers la Grande Salle déjà peuplée d'élèves des quatre Maisons et de toutes les années. Je m'installai à la table des professeurs, aux côtés d'un homme que je ne connaissais pas réellement. Je savais qu'il prenait le poste de professeur d'arithmancie, qu'il avait la trentaine, et que son nom de famille était Akhar. J'arrondis une mèche bleue derrière mon oreille, le reste de ma chevelure cobalt retenue en une queue de cheval lâche.

"Salut, fis-je simplement, avant de me servir et d'ajouter : Bon appétit."

Il y eu un moment de silence, puis je questionnai, curieuse :

"Tu t'appelles comment ?" Je retins le "tu as quel âge", "quelle est ta couleur préférée" ou autre question étrange du même genre. J'avais tendance à me poser ce genre de questions sur les gens, ce genre de détails avaient pour moi une importance parce que ça pouvait toujours servir un jour où l'autre. D'après moi.

Une jeune femme, alors que je mangeais un bout, m'adressa la parole après s'être assise à côté de moi. Je la regardai, un sourire de politesse aux lèvres. Je remarquais tout de suite ses cheveux bleus. C'était particulier. Peut-être pour se distinguer de ses élèves ? Ou alors, elle aimait particulièrement cette couleur.

"Bonjour. Merci, de même".

Quand on rencontrait quelqu'un, il était toujours dificile de savoir si l'on devait tutoyer ou vouvoyer les personnes. C'était tellement différent d'une culture à l'autre. Formulée comme ça, ma réponse avait au moins le mérite d'être générique. Voulait-elle simplement me saluer ? Ou parler un peu plus ? Je ne savais pas, alors je me servis une nouvelle bouchée de mon plat. Et finalement, elle me posa une question.

"Je m'appelle Ivelin, Ivelin Akhar. Tu peux m'appeler Ivelin. Et toi ?"

Finalement, c'était du tutoiement. Comme quoi ça variait vraiment d'une personne à l'autre. J'avais l'habitude de vouvoyer les personnes, mais je savais m'adapter. Nous n'en serions que plus à l'aise pour engager la conversation.